Le 19 avril dernier, pendant une cérémonie émouvante en présence d'autorités égyptiennes, de représentants du Corps Diplomatique et de nombreux amis, j'ai reçu le "Prix du Pape Shenouda III pour la Sagesse et la Compassion". Sa Grace l'Évêque Ermia, Directeur du Centre culturel Copte, m'a remis le prix en présence de S. S. le Pape Tawadros II. Je me suis inévitablement confronté à moi-même, en étant une personne scrupuleuse. Je suis surtout fidèle à un principe qui m'a été inculqué depuis mon enfance: de travailler «pas pour les louanges et les applaudissements des hommes, mais pour accomplir un devoir et rendre service aux parents, à l'Église et à la Patrie ". Ce sont les paroles d'une vieille prière, que je récitais dans mon enfance; naturellement pour «Église», on entend le service spirituel et la dévotion à l'Être Suprême, indépendamment de toute modalité et de toute tradition avec qui ce service a été accompli au cours des millénaires.
En parlant de sagesse, c'est une caractéristique qui appartient à l'essence de l'homme; elle peut être enseignée, mais elle s’enracine seulement après des années d'exercice et d'humilité, surtout après une prise de conscience attentive de la vanité de toute chose terrestre. C'est pourquoi on croit que les personnes âgées sont sages: parce qu'elles réussissent à juger ce qu'il vaut la peine de faire et de suivre, en ayant subjugué les émotions.
J'ai déjà parlé de "sagesse" dans les colonnes de ce journal, il y a des années; alors je passerai à quelque considération sur la "compassion". Celle-ci est vraiment la caractéristique des saints, indépendamment de quelconque religion. Quand j'étais en Chine, je voyais que dans les temples on vénère Chenrezig, l'incarnation du Bouddha aux mille bras: un être qui donne généreusement tout aux autres. Mais la compassion va au-delà du simple "faire don": c'est une disposition d'attention aux douleurs des autres, sans s’affliger ou affliger les autres: je dirais plutôt que c'est le don de faire comprendre au prochain souffrant qu’il n'est pas seul dans sa propre douleur. Il y a des gens qui accompagnent les mourants dans les derniers instants de leur vie, pour faciliter le détachement de la terre et préparer l'âme à atteindre Dieu: cela me semble bien, d'être la quintessence de la compassion.
Une considération générale: j'ai pu constater qu’autour de nous les exemples de personnes bonnes et généreuses abondent, même au milieu de la dégénérescence et de la méchanceté qui sont devenues, hélas, endémiques aujourd'hui. Ils sont nombreux ceux qui ne les remarquent pas, parce que les honnêtes gens ne veulent pas apparaître et paraître: mais si on les cherche, on les trouve.
En ce qui me concerne, si je fais un examen de conscience de mes 62 ans de vie, dont 38 en carrière internationale sur quatre continents, dans des situations de stress, de danger, même de guerre. J'ai essayé de faire toujours du bien à mon prochain. Parfois j'y ai réussi, parfois j'ai fait, comme on dit, des trous dans l'eau, mais les bonnes intentions ont été toujours présentes: et surtout, je n'ai jamais voulu rien en échange. Cela je peux l’attester et le souligner. Quand je le pouvais, je faisais du bien à des parfaits inconnus, pour ne rien attendre en échange; et quand ma bonne action était faite, je ne les ai plus vus. En conclusion, donc, je ne sais pas si je suis vraiment digne d'un prix pour ma "compassion"; mais c'est certainement une grande stimulation à poursuivre cette vertu avec un engagement encore plus grand, dans l'humilité d'accepter non seulement les mille ennuis de chaque jour, mais surtout l'ingratitude qui est présente dans tous les coins du monde. Ce qui compte, c'est le résultat dans le ciel ... et Dieu est toujours reconnaissant de tout ce que nous faisons, surtout si, dans notre cœur, nous le consacrons à Lui.