Pour Pâques, j'ai passé quelques jours chez ma mère dans la région des Marches. J'ai ensuite assisté à l’offensive de mes concitoyens pour maintenir le Lycée de la ville de Fermo (que j’ai moi même fréquenté pendant les années 1969 à 1974) dans le bâtiment original de via Leopardi.
Apparemment, les autorités locales ont établi que l'ancien palais du XIVème siècle est dangereux, surtout après le récent tremblement de terre, et veulent donc transférer les salles de classe dans un bâtiment moderne anonyme.
Une campagne a été mise en place pour recueillir les 500 signatures nécessaires à une pétition de protestation populaire et en peu de temps elles ont été rassemblées, avec des commentaires et des déclarations de grand attachement à une école qui fait partie de l'histoire de la ville.
Les signataires étaient les ex-étudiants, mais pas seulement: il y a les professionnels et tous ceux qui ne peuvent imaginer un centre historique sans l'institut, gloire du passé historique.
Dans la pétition, on peut lire la défense de Palazzo Euffreducci, le bâtiment qui abrite le Lycée, jadis résidence du célèbre Oliverotto da Fermo, seigneur de la ville à la fin du XVe siècle et mentionné dans “le Prince” de Niccolo‘ Machiavel. Il invita ses ennemis à un banquet somptueux dans les salles du palais et il les tua tous, un peu comme Mohamed Ali se débarrassa des mamelouks quelques siècles plus tard, au Caire... certes nous étions curieux de savoir dans quelle salle s’était déroulé le dîner à surprise, mais personne ne l’a jamais su.
A la prestigieuse histoire du Palais, s'ajoute celle du même «Lycée-Gymnase Annibal Caro». Non seulement l’institut a été dans ce bâtiment depuis 1861, mais c'est l'un des plus anciens lycées d'Italie et symbole de la tradition de la ville de Fermo. En effet, le Lycée remonte à l'époque napoléonienne, établi par l'arrêté royal du 2 juin 1806, et placé dans le sillon d'une ancienne tradition d'études publiques, qui remonte au Capitulaire de Lotario I. Celui-ci était Roi d'Italie au Moyen Age et neveu de Charlemagne; en 825 a.d. il décréta que les sièges des lycées du Royaume fussent neuf en tout, y compris Fermo.
Combien de souvenirs me viennent à l'esprit !Ò Le premier jour de lycée les camarades de classe volèrent mon chapeau pour se le jeter l'un à l'autre, comme si ce fût un ballon de football. Sous peu le chapeau tomba, à travers la fenêtre ouverte, dans une cour intérieure, fermée pendant des années; et Simoni, le concierge, m’accompagna pour le ramasser, non sans avoir cherché la clef pendant des heures. Le chapeau gisait parmi des vieilles statues et d’autres décombres: tout l’attirail désaffecté de l’école.
A cette époque-là , même la statue éponyme de Annibal Caro s’y trouvait: bien triste fin pour l'un des plus grands écrivains italiens. Heureusement la statue fut restaurée après quelques années, et placée sur un socle convenable.
Après ce début burlesque de carrière de lycéen , je gagnai une position de premier plan parmi tous les étudiants, jusqu'à être nommé "Monsieur Lycée " en 1974.
En bref, je pense qu'il est mon devoir de protéger ce lieu historique pour moi et pour l'histoire de l'Italie!