Cet espace vert et fleuri de Nouzha blotti au fond d’une boucle du canal Mahmoudieh fait partie des merveilleux jardins d’Alexandrie, ceux de Challalat, de Montaza et du parc international. Les arbustes sont comme des chats qui arrondissent leur dos, les aloès apparaissent comme une menace pour le ciel avec leurs grandes feuilles en fer de lance, les mimosas aux fleurs jaunes donnent une note de gaieté, les statues toutes blanches habitent le paysage et le rendent vivant, tandis que les arbres et les palmiers rompent le silence quand leurs branches bruissent et que les oiseaux se taisent. C’est le jardin d’Antoniadès d’Alexandrie. Au milieu du XIXème siècle, Monsieur Pastré entretenait un parc célèbre planté d’essences rares. C’est le jardin actuel de Nouzha. Tout à côté, la famille Antoniadès animait ses jardins avec des dianes, des statues de personnages célèbres comme Vasco de Gama, Christophe Colomb, Magellan et l’amiral Nelson, des vasques chantantes et des plantes aux essences variées. C’est vers 1860 que le jardin d’Antoniadès fut créé. Grand et admirable, ce jardin était visité constamment par les hôtes du gouvernorat d’Alexandrie, car il était une des gloires de la cité méditerranéenne. Ainsi, au mois de mars 1933, l’Antoniadès reçut la visite du roi d’Italie Victor Emmanuel et de son épouse. Ils étaient venus y prendre le thé. Ce jardin avait été créé par sir John Antoniadès, une des personnalités éminentes de l’histoire d’Alexandrie au XIXème siècle. Il était né dans l’île grecque de Lemnos en 1815. A l’âge de 18 ans, en 1833, Antoniadès vint s‘établir à Alexandrie où il mourut en 1895. Ainsi, vers 1860, Antoniadès fit construire un palais non loin du canal Mahmoudieh. Il l’entoura d’un jardin avec de grands bassins, des vasques, une colline artificielle, un théâtre et une serre. Parmi les nombreuses espèces d’arbres et de plantes, il y avait toutes sortes de palmiers, des bananiers, des cactus, des aloès, des bambous, de magnifiques daturas, des mimosas à fleurs jaunes et des euphorbes rouges. Un coin charmant de ce jardin porte le nom d’Andalou. A son milieu se trouve une fontaine ronde entourée de cyprès et de parterres de fleurs. L’ensemble de ce petit jardin fait véritablement penser à l’Andalousie. Une autre partie du jardin d’Antoniadès porte le nom du Dr Hosni Kamal. Il fut l’administrateur du ministère de l’agriculture d’Alexandrie et responsable de tous les jardins de la ville. Ce jardin est tracé en contrebas de l’Antoniadès et il est formé de larges allées toutes droites. De son vivant, Antoniadès fit don de son jardin et de son palais à la Municipalité d’Alexandrie. Les hôtes de marque de la Municipalité étaient logés dans le palais lors de leur séjour à Alexandrie. Antoniadès fut réputé pour sa générosité envers les sociétés de bienfaisance alexandrines. En 1865, il assuma la totalité des frais d’impression de l’histoire de la nation hellène illustrée en cinq volumes et écrite par K. Paparighopoulos. En mémoire de ses oeuvres de charité et de bienfaisance, un asile de personnes âgées fut érigé à Alexandrie qui porta son nom. En 1963, cet asile fut transféré à Chatby au numéro 93 de la rue Alexandre le Grand où il existe toujours portant le nom de « Asile de vieillards Antoniadès ».