Les deux chameaux de Ménas au Mariout

Les représentations les plus courantes de Saint Ménas le figurent en costume militaire avec une tunique courte et une chlamyde jetée sur l’épaule et entre deux chameaux. Tantôt le Saint domine les deux chameaux avec ses deux mains élevées en signe de prière, tantôt les camélidés sont renversés vers le Saint qui paraît les tenir par la queue.

Pourquoi ces deux chameaux? Ménas avait demandé que son corps, après avoir été martyrisé en Phrygie, soit placé sur un chameau qui serait laissé aller à sa guise dans le désert libyque et que ses restes soient enterrés là où le chameau s’arrêterait. Ce fut donc au Mariout que le chameau s’arrêta. Là, Ménas fut enterré.

Dans les versions copte et éthiopienne des “ Miracles de Saint Ménas ” il est raconté que ce dernier, au début de la persécution déclenchée par le gouverneur de la Phrygie, s’enfuit au désert où il demeura en compagnie de chameaux, vivant du fruit de leur travail et donnant le surcroît aux pauvres. Chaque soir, en les déliant, Ménas remerciait les animaux pour leur efficacité et ceux-ci lui rendaient grâce en lui faisant la révérence.

Lorsque fut venu le temps d’affronter le martyre, Ménas confia ses chameaux à un homme de Nepayat dans le désert libyque. Ce fut l’un de ces chameaux qui le transporta.

D’après l’Encomium du Saint martyr, conservé également en copte et en guèze, le corps de Ménas fut transporté de Phrygie à Alexandrie par voie de mer. Le navire qui le transportait fut attaqué par de terrifiants monstres marins au long cou et à tête de chameau. Ces monstres furent vite repoussés par des traits enflammés lancés par le corps de Ménas lui-même. Les monstres amadoués inclinèrent leurs longs cous vers le corps du Saint en signe d’hommage, à la grande stupeur de l’équipage du navire.

Après le débarquement à Alexandrie, Athanase, le militaire responsable du convoi, fit transporter sur un chameau le corps de Ménas à travers le désert libyque. Au Mariout, le chameau refusa d’avancer malgré les coups répétés. Les autres chameaux de l’escorte, sur le dos desquels le corps du Saint fut placé, se montrèrent tout aussi rétifs.

Athanase comprit que la volonté de Dieu était que le corps du saint soit enterré en ce lieu. Il prépara une tablette de bois sur laquelle il peignit Ménas entre deux chameaux qu’il avait vus en mer.

Au Mariout, le pèlerinage commença en l’année 324 quand l’impératrice de Constantinople Hélène amena sa fille sur le tombeau de Saint Ménas où elle fut miraculeusement guérie de la maladie de l’éléphantiasis.

L’empereur Constantin fit construire alors une première basilique au-dessus du tombeau du Saint et elle fut consacrée par Athanase patriarche d’Alexandrie.

Le nombre de pèlerins et de malades qui accouraient vers le tombeau de Saint Ménas étant de plus en plus important, l’empereur Arcadius adjoignit une nouvelle basilique à celle de Saint Athanase qui fut inaugurée en 412.

Le livre des “Miracles de Saint Ménas” atteste l’énorme vogue de ce pèlerinage où se trouvaient des bains, alimentés par une source miraculeuse jaillie près du tombeau de Saint Ménas, des hospices et des monastères pour le service des pèlerins et des malades.

Ce centre de pèlerinage et de guérisons fut très fréquenté depuis la fin du IIIème siècle et jusqu’au Xème siècle.