Nous avons Dalida et les pyramides

Mardi 15 Janvier 2019-00:00:00
' Nour El Cheikh

Nous sommes inévitablement contraints de nous séparer, mais Dalida ne meurt pas. Elle a vu le jour le 17 janvier 1933 en Egypte, dans le quartier historique de Choubra. Ils disent qu’elle s’est suicidée ultérieurement, mais je ne le crois pas, car elle est immortelle comme les pyramides. Elle n’est pas morte. Quarante-cinq  prix en platine et en or. « Je suis malade », « Bambina » et les chansons entre les deux  ne meurent pas.

Ses origines italiennes, le fait d’être née et élevée en Egypte,  et sa vie parisienne  ont été les témoins de ses pas. Le prix de Miss Égypte en 1945, ainsi que  le film « Sigara we Kass » (une cigarette et un verre), de Samia Gamal et Niyazi Mostafa, en témoignent aussi.  Et même le théâtre La Villa D’este qui a vu les débuts d’Aznavour ainsi que l’Olympia où a chanté Édith Piaf attestent que tu es vivante Madame.

Tu as souffert pendant ton enfance et ton âge adulte, tels sont les grands. Tu n’as pas été chanceuse et ton chemin n’a pas été pavé : il était plein d’efforts, d’errances et de tragédies. Mais nous ne nous sommes pas rendus compte de tes peines à cause de tes chansons gaies. Seulement dans « je suis malade », nous avons vu tes larmes et ta tristesse profonde, ton amertume et ton désespoir.  Je rêvais de te tendre une main et te dire ne t’afflige pas. Je rêvais comme  Serge Lama de l’interpréter avec toi, mais il l’a interprété avec ta photo. Ma chère, moi aussi ma chance ne m’appartient pas, d’autres m’ont précédé pour se procurer de toi : Delon, Julio Iglesias et tes trois maris. De quelle chance, donc, tu parles, ma reine ? Tu sais, Madame, quand tu me manques, qu’est-ce que je fais ? Je regarde, seulement, le film « Le sixième jour » de Youssef Chahine, et j’écoute ton dialogue avec Omar Sharif sur tes beaux souvenirs.  Et pour que je sois sincère avec toi, je t’écoute chaque jour, quand je suis heureux et quand je suis triste, jour et nuit. Inutile de prétendre la séparation, car tu es ici, je te ressens, depuis que tu as chanté « j’attendrai ». Les témoins sont nombreux, et moi, je ne suis qu’un parmi eux. Et même mon pays se souvient de toi, avec tes chansons patriotiques, épris de lui. Chère Dalida, je te vois et je t’entends, tu ne nous as pas quittés. Tu es toujours la diva de la chanson, tu es dans le cœur de tout amoureux de toi, tu es seulement allée dans un autre endroit.  J’espère que cette lettre te parviendra, celui qui t’aime toujours : Nour El-Cheikh