Mon enfance en Tunisie (5)

Mardi 26 Juin 2018-00:00:00
' Chaimaa Said

J’étais parmi les bons éléments à l’école, mais pas parmi les excellents. J’avais une belle prononciation, ce qui a mené à ce que j’aurais de bonnes notes en lecture. En revanche, j’avais des problèmes avec les maths. Mais ma mère m’a aidé à se réconcilier avec.

Je me rappelle du «Monsieur» qui nous donnait les cours de français, de maths et de sciences au CP. Il était Français, et ses attitudes et ses gestes ressemblaient à ceux du clown. Il avait un long bâton qu’il appelait «la baguette magique»; car quand la lumière s’éteignait, il pointait «sa baguette» vers la lampe au plafond, et aussitôt la lumière revenait! Je croyais beaucoup à cette «baguette magique», car j’avais beaucoup d’imagination. Par exemple, je croyais aux Schtroumpfs, et qu’ils nous rendraient visite un jour à la maison, de façon que je leur prépare leur propre petite maison et les objets qu’ils utiliseraient. Je regardais «Alice aux pays des merveilles», et j’imaginais que j’étais moi-même Alice. Je touchais le miroir et j’attendais que je sois déplacée vers un autre monde.

«Le Monsieur » était aussi rusé. Un jour, il nous a demandé de dessiner notre famille. C’est ce que j’ai fait. Mais «le Monsieur» qui connaissait bien mon père a remarqué que je l’ai dessiné mince alors qu’il était gros. Il me l’a fait remarquer. Alors, j’ai refait le dessin; et pour une deuxième fois, j’ai dessiné mon père mince. J’ai recommencé une dizaine de fois, et j’ai déchiré une dizaine de dessins; et à chaque fois je le dessinais mince. En me regardant, «le Monsieur» n’arrêtait pas de rire, et il m’a dit enfin: ça suffit!

Un jour, alors que la Coupe du monde était déjà lancée, «le Monsieur» est venu très enthousiasmé, en nous disant: «On a gagné». Alors, en retournant à la maison, j’ai dit, en français, à ma mère, qui ne suivait pas les matchs de football: «On a gagné». Elle m’a dit: Tu veux dire qui par «on», l’Egypte? J’ai dit: Non, la France! Ma mère s’est contrariée, et a appelé mon père en lui disant: Ta fille dit que «on», c’est la France! Nous devons revenir en Egypte!