« Des temps en poussière » est la première œuvre romanesque du plasticien et journaliste Nasser Araq. Elle évoque la chute d’une génération de manière subtile et symbolique. En effet, l’œuvre se concentre sur les moments tristes survenus à la deuxième moitié du vingtième siècle et elle se concentre sur la personnalité du père Abdel-Aziz qui a pleuré à maintes reprises au vu et au su de tout le monde, notamment son fils Khaled. Les moments difficiles sont nombreux recensés avec subtilité et émotion : les larmes du père coulent à chaque fois. Il s’agit des moments où l’Histoire se mêle à la vie des personnages comme la mort de Gamal Abdel-Nasser, la tombée en martyr de son fils dans la guerre de 1973. On voit alors Khaled grandir durant ces années, lorsque la patrie est sous la poussière. Ainsi, grandit-il au temps de la poussière. L’œuvre met en scène ce sentiment de souffrance ou de déchirure lorsque Khaled perd l’envie de vivre. En effet, sa bien-aimée Soha Nassar (son premier et unique amour) le quitte avec Sultan pour s’installer dans un pays arabe. Elle le laisse souffrir du vide émotionnel et sentimental. Aucune autre femme ne peut remplir ce vide. D’ailleurs, toutes les femmes dans l’œuvre y compris la mère du héros symbolisent la défaite, même si la langue verbale existe. Seules deux femmes font exception à la règle : Nawal Al-Demerdash qu’il a rencontrée à la fin et qui souhaite l’épouser alors qu’il ne veut pas poursuivre ce projet. Il y a également Suzanne Hana qui se retire au couvent après avoir désespéré qu’il se convertisse. Les autres femmes dont Amel Al-Mahlaoui, sa directrice Nahed, Soha sont toutes assoiffées d’amour physique. Cette même soif, on la retrouve chez Chérif, le frère de Khaled, le jeune étudiant à la faculté d’ingénierie. Il y a également l’exemple de Saadia, l’ouvrière qui donne son corps à tous ceux qui le souhaitent tant qu’ils vont payer. Saadia fait la connaissance de Chérif et s’offre à lui gratuitement parce qu’il est différent des hommes qu’elle connaît. Elle considère qu’il est son cadeau. En d’autres termes, l’ouvrage met en scène la défaite des pauvres et les difficultés qu’ils rencontrent.
A suivre