Flaubert en Egypte (2)

Mardi 29 Octobre 2019-00:00:00
' Ayman Elghandour

Pour mettre l'accent sur l'animal au Caire, Flaubert nous a fait voir la rentrée "au Caire de la princesse belle-mère d'Abbas-Pacha [avec la caravane] revenant du pèlerinage de la Mecque". Il s'est intéressé aux chameaux qui portaient les pèlerins et qui marchaient d'une régularité parfaite. Il les a tenus pour des animaux mythiques. Bien qu'ils se trouvent sur la terre, ils semblaient monter vers le ciel. Mais l'attention flaubertienne a particulièrement porté sur les chameaux de la princesse, équipés d'une manière luxueuse. Ils "ont aux genouillères des miroirs entourés de colliers de perles – autour du cou un triple collier de sonnettes – sur la tête des bouquets de plumes de couleur. Les fenêtres de sa litière sont en forme de hublots de navire et décorées de glaces à l'intérieur."

Avant de quitter le Caire, l'auteur de Madame Bovary nous a présenté une scène exprimant l'amour des riches pour les animaux: "Un Arabe tenant en laisse les lévriers de Haçan Bey est venu les faire boire à la rivière." Il faudrait rappeler ici qu'Abbas Pacha, le vice-roi d'Egypte, préférait vivre dans des lieux écartés et dépeuplés pour ne rencontrer personne et se trouver auprès de ses animaux, particulièrement ses chiens qu'il élevait soigneusement. Il avait l'habitude de "mettre des colliers de diamants au cou de ses chiens."

Voyant des chiens errants, on se demande ce qu'ils mangent. Flaubert répond qu'ils se nourrissent d'autres animaux malades, laissés sur les routes. L'auteur a mis l'accent sur un "chien déchiquetant un âne dont il ne restait qu'une partie du squelette et la tête avec la peau complète." Ceci exprime la souffrance des chiens qui ne trouvent rien à manger. Mais ce qui nous frappe ici, c'est la cruauté de Flaubert et de son compagnon Maxime Du Camp. Ne se contentant pas de chasser des oiseaux, ils se mirent à tirer des chiens. Il en a résulté une scène tragique: un chien blessé "a roulé avec des convulsions à terre, puis s'en est allé … mourir dans son trou sans doute."