Flaubert s'est accroché à l'Orient dès son enfance. A l'âge de onze ans, il a eu la chance de voir de près la civilisation pharaonique. "Le 14 septembre 1832, il assiste au passage à Rouen du bateau le Louxor transportant l'obélisque destiné à être dressé place de la Concorde à Paris".
Ce paysage l'a poussé à croire que l'Egypte résume en elle toute l'histoire humaine. Cet amour pour l'Orient s'est accru lorsqu'il a rencontré Maxime Du Camp qui lui a raconté ses aventures en Turquie. Le jeune Flaubert qui avait "besoin du grand air, de la beauté du paysage, du sentiment d'une communauté vivante", commença à rêver d'échapper à l'Occident routinier et à s'égarer dans les villes orientales. D'après Maurice Nadeau: "L'Orient, c'est l'ultime possibilité d'évasion, l'ultime possibilité pour Flaubert de vivre selon son désir, dans l'expansion de son "moi" qui se confondrait avec le grand Tout."
Flaubert a été frappé en 1843, d'une maladie nerveuse qui a bouleversé toute sa vie. Il a renoncé à ses études, s'installant avec sa famille à Croisset. Sa tristesse s'est aggravée avec la mort de son père le 15 janvier 1846 et celle de sa sœur Caroline le 23 mars. Aidé par Maxime
Du Camp, il a obtenu une mission. Il devrait ramasser des informations concernant les exportations et les importations de marchandises dans divers pays et étudier comment augmenter la production française.
A la veille de leur départ, Flaubert et Maxime Du Camp ont dîné avec Louis Bouilhet et Théophile Gautier. Onze jours après leur débarquement de Marseille, ils sont arrivés le 15 novembre à Alexandrie. Après avoir visité Rosette et le Delta, les deux amis sont partis par bateau pour le Caire. Arrivant le 26 novembre, ils y ont séjourné 70 jours; ils l'ont quitté pour remonter le Nil jusqu'à la Nubie. Malgré sa mission officielle, l'auteur de Madame Bovary n'avait pas l'intention d'envoyer de rapport à son gouvernement. Il ne s'est intéressé qu'à contempler la société égyptienne, ses mœurs et son comportement. Ce qui a produit Voyage en Egypte où l'auteur a narré d'une manière détaillée ses souvenirs quotidiens, comptant sur le système des micro-chapitres.
Flaubert nous conduit à la place de l'Ezbékieh où nous voyons une fête religieuse ayant pour but de célébrer l'anniversaire du Prophète. L'auteur nous fait voir le cheikh, monté sur un cheval, "tenu à la bouche par deux saïs et deux hommes sont aux côtés du chérif et le soutiennent lui-même […] La foule se répand aussitôt derrière le cheval quand il est passé." L'auteur de Madame Bovary a profité de cette occasion, présentant les composantes de cette scène: les grandes tentes, les balançoires, les autres jeux et les gens qui ne cessent de chanter. Flaubert ne se contente pas de citer le cheval, mais nous le voyons chevaucher pour aller aux pyramides, lançant son "cheval qui part au galop pataugeant dans le marais." Il réussit à désigner la puissance des chevaux aptes à supporter les travaux pénibles; ils s'avancent malgré leur enfoncement dans le marais. Ceci révèle la valeur de ces animaux qui se distinguent par la vitesse et le bon sens de l'équilibre.