Anatole France a présenté saint Antoine à certaines reprises dans Thaïs pour rendre son roman plus réaliste. L’auteur était convaincu qu’il aurait été impossible de traiter les pères du désert, en Egypte, au IVe siècle, sans citer saint Antoine, né dans une famille chrétienne en 250 Ap Jc. Il est paru à un moment difficile de l’Empire romain, menacé par les Barbares. Ceci a donné lieu à une anarchie militaire et une persécution religieuse. Issu d’une classe paysanne, Antoine a hérité de plus de cent hectares d’excellente terre. Cependant, il a renoncé à son héritage, vécut dans la solitude et devint l’ascète le plus célèbre. Dans sa grotte, il menait une vie de prière et de travail, s’approchant de Dieu. Il a déployé des efforts pour réduire les besoins de son corps afin de se consacrer à la contemplation et à l’amour divin. Il avait la capacité de passer des jours sans dormir ni manger. Comme il était extrêmement ascète, les autres moines l’ont pris pour modèle. Antoine s’était retiré sur le mont colzin, après de nombreux déplacements. Afin que son personnage paraisse réel, Anatole France a rapporté quelquesunes de ses paroles : « Les poissons qui sont retirés de l’eau trouvent la mort : pareillement pour les moines qui sortent de leurs cellules et se mêlent aux gens en s’écartent de la bonne parole ». Cette citation montre la sagesse de saint Antoine. Il croyait que les anachorètes ne doivent ni s’attarder hors de leurs cellules, ni passer leur temps avec les gens du monde pour pouvoir vivre en paix. Ces paroles significatives révèlent le cas de Paphnuce qui s’attardait à l’extérieur de manière à oublier sa vigilance intérieure. Convaincu par la pensée de saint Antoine, l’auteur de Thaïs écrit : « l’excès de jeûne produit la faiblesse et la faiblesse engendre l’inertie ». Ainsi Antoine est pour la modération, il se dresse par exemple contre le jeûne rigide qui nuit à son corps. Il indique que l’homme doit être modéré en mangeant et consacrer une partie de son temps au sommeil afin de passer l’autre partie en prière. Ce moine travaillait pour subvenir à ses besoins et pour faire l’aumône aux gens pauvres. Malgré son travail, il a su garder son esprit libre pour méditer sur la puissance divine. Antoine se montre un cas unique parce qu’il était continuellement en lutte avec le diable. Il a réussi à consacrer à Dieu non seulement son activité extérieure, mais aussi sa soumission intérieure. Il se blâmait sans cesse, résistant aux mauvaises idées. Pour cela, il était le maître des anachorètes qui lui empruntaient la pensée et la sagesse. Rapportons ces paroles d’Antoine, exprimant la vraie base de la foi : « où que tu ailles, aie tout le temps Dieu devant les yeux, quoi que tu fasses ou dises, que cela soit selon le témoignage des saintes Ecritures ». Remarquons la foi inébranlable qui a permis à Antoine de découvrir le diable, sous toutes ses formes. De plus, Dieu l’a créé capable de comprendre le langage des animaux. Ils obéissaient à ses ordres et l’aidaient à cultiver le jardin. Ce saint a influencé France qui lui a emprunté beaucoup de traits en peignant Paphnuce. Bien que l’auteur de Thaïs ne présente que les dires d’Antoine au début de son roman, il a essayé de rendre ce personnage plus animé en rapportant les persécutions qui menaçaient les premiers chrétiens. France a évoqué dans son roman le voyage de saint Antoine à Alexandrie pour soutenir Athanase : « Antoine fondit comme l’aigle, du haut de son rocher sauvage, sur la ville d’Alexandrie, et volant d’église en église, embrasa de son feu la communauté tout entière ». Avec le voyage d’Antoine, Anatole France a présenté un fait réel. Le moine âgé est sorti de sa retraite et s’est dirigé vers Alexandrie, en 354. Il a ainsi abandonné sa cellule pour jouer un rôle plus actif et défendre les premiers chrétiens persécutés. Il écrit sept lettres pour soutenir Athanase dans sa lutte contre les Ariens.
A suivre…