Paris Acte IV

Dimanche 16 Décembre 2018-00:00:00
' Michèle Foulain

Sommes-nous condamnés à revivre chaque semaine ces scènes de chaos ?

Pourtant ce 8 décembre les manifestations ont commencé de manière pacifique, les gilets jaunes défilent en ordre serré, et dans le calme.

Les forces de l'ordre se sont déployées de façon ostentatoire et dissuasive, les 14 lourds blindés de la gendarmerie imposent leurs présences pour la première fois, à Paris.

8 000 policiers et gendarmes parés, à toute éventualité.

J'avoue que ce calme me rassure un peu, j'ai toujours devant les yeux, les images de la semaine précédente.

Il est encore très tôt, le jour se lève à peine, sur la capitale française, une aube un peu pâle et grise. Chaque arbre de la célèbre avenue des Champs Elysées a revêtu ses habits de fête, et les guirlandes rouges offrent un bien curieux contraste avec les blindés et leur signification.

De chaque côté, certains magasins ont pris des précautions, les vitrines sont dissimulées sous de grosses plaques de bois, l'image est irréelle, les parisiens devraient faire la queue devant les devantures richement décorées, pour choisir quelques cadeaux de Noël.

Cette année, l'esprit de la fête de la nativité n'est pas au rendez-vous, les français n'ont pas la tête à ça. Nous vivons dans une atmosphère lourde et pesante, ne sachant pas de quoi notre lendemain sera fait.

Je regarde les gilets jaunes progresser sur la grande avenue, à la rencontre des forces de l'ordre, en silence mais déterminés à se rendre au palais de l'Elysée.

Par souci de sécurité, métros et gares sont fermés, les autorités ont bouclé le plus possible les accès. Paris no man's land ...

Quelle étrange chose de voir les groupes aller au devant les uns des autres, gilets jaunes contre représentants de l'ordre public, un peu comme un round d'observation.

Vers 11 h et en une fraction de seconde, les choses basculent, premières fusées lacrymogènes, premiers tirs de flash ball, premières voitures incendiées.

Paris redevient, et pour la troisième fois, un champ de bataille, les magasins non sécurisés sont détruits avec violence, vandalisés, les casseurs pilleurs sont de retour, insérés dans les rangs des gilets jaunes.

Les feux se communiquent d'une voiture à l'autre, tous ces incendies allumés ça et là, offrent une bien triste image de la ville lumière.

Les blessés, dont certains grièvement, gisent au sol, et les sauveteurs bénévoles de la croix bleue ont du mal à se frayer un chemin, pour se porter à leur secours. Les blessures par flash ball sont sévères, et pour ceux touchés au visage, lourdes de conséquences.

Les pompiers éteignent les feux comme ils peuvent, mais l'un n'est pas plus tôt éteint, qu'un autre se déclare, plus loin. La vision est apocalyptique !

Les mêmes scènes de chaos se reproduisent jusque tard dans la soirée, on dénombre près de 200 blessés, 2 000 interpellations.

Dans plusieurs villes de province, on signale également des émeutes : Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Saint-Etienne, Tours... partout les dégâts sont importants, et là aussi, d'autres blessés, des étudiants surtout...

Indépendamment des conséquences humaines et matérielles, l'aspect économique n'est pas négligeable, les pertes pour les commerçants, en cette période de l'année, sont difficilement chiffrables.

Mais que faire mon Dieu ? Que faire pour que ces scènes de guérillas prennent fin ?

Que nos élus trouvent enfin des solutions acceptables, pour les deux parties !

Que Dieu nous aide et protège la France !

Insha Allah !