En ce moment, et jusqu’à la fin du mois d’août, se déroule un pèlerinage à Sounbat. Les pèlerins viennent y vénérer Sitti Refqa et ses enfants martyrs. C’est l’occasion de faire une visite dans ce village du Delta central du Nil, non loin de la rive occidentale de la branche de Damiette.
Il existe dans le Delta du Nil des petits villages possédant beaucoup de charme. Blotti au milieu de grands arbres, en bordure de la route entre Zifta et Mahalla El-Kobra, le village de Sounbat mérite d’être connu d’autant plus que ses habitants récoltent le meilleur miel d’Egypte. Cependant, ce village ne se trouve pas sur toutes les cartes. Pour y aller, rendez-vous à Zifta et là demandez votre route.
Sounbat, dans l’Egypte ancienne, était une cité consacrée au dieu Seth. Ce dieu avait été chassé de ses domaines de la Haute-Egypte après avoir assassiné son frère Osiris. Seth vint chercher refuge dans les marais du Delta. Dieu de la terreur et des ténèbres, le peuple vénérait Seth craintivement, le suppliant d’éloigner ses fureurs et ses maléfices. Ces supplications étaient parfois vaines...
Sounbat, à cette époque, faisait partie du nome de Bousiris, la demeure d’Osiris. Sounbat s’appelait alors Skem-Pehti, la ville du dieu en force, qui devint en langue copte Tacempoti pour se transformer en langue arabe, après l’ablation du Ta initial, en Sounbat.
Un jour, les gens de Sounbat refusèrent de verser leur tribut aux prêtres du dieu Seth. Furieux, le dieu déversa sur la ville des essaims et des essaims d’abeilles. Les Sounbati (nom actuel des habitants du village) ne furent pas effrayés. Ils allumèrent des feux. La fumée incommoda vite les abeilles. Les essaims allèrent se fixer, en grappes noires, aux branches des arbres entourant la cité. Victoire! Les gens de Sounbat s’emparèrent de ces essaims. Ils les enfermèrent dans des espèces de tuyaux en terre cuite, les “ barbar ”. Depuis ce jour, Sounbat est célèbre pour ses récoltes de miel, le meilleur d’Egypte. La colère du dieu Seth s’était achevée à ses dépens, au grand bonheur des habitants de Sounbat.
En plus des abeilles et de leur bon miel, Sounbat doit encore sa célébrité à Sitti Refqa et à ses cinq enfants martyrs. Au IIIème siècle, Sitti Refqa et ses enfants arrivèrent à Sounbat venant de Qous en Haute-Egypte.
Survint la persécution de l’empereur romain Dioclétien. Sommée d’offrir de l’encens aux idoles païennes, Sitti Refqa refusa d’accomplir ce geste idolâtre. Ses enfants l’imitèrent. Toute la famille, enchaînée, fut traînée jusqu’à Choubra près d’Alexandrie où ils furent martyrisés.
Ensevelis dans la ville de leur martyre, leurs reliques furent par la suite ramenées à Sounbat. Dès lors leur tombeau attira de nombreux pèlerins.
Sitti Refqa est devenue la patronne des familles avec ses cinq enfants Agathon, Boutros, Youhanna, Amoun et le jeune Amouna. Trois autres Saints martyrs sont encore vénérés à Sounbat, Piroou, Athom et Anoua.
Selon le manuscrit Vatican copte 60 (folios 22 à 60) , Piroou et Athom habitaient à Sounbat. Un jour ils se rendirent à la ville de Xoïs, l’actuel village de Sakha non loin de Kafr El-Cheikh. En route, ils découvrirent le cadavre d’un homme. C’était celui du prêtre Anoua qui venait d’être martyrisé à Xoïs. Ils le rapportèrent à Sounbat et l’ensevelirent près du tombeau de Sitti Refqa et de ses cinq enfants. Cela leur valut les réprimandes du représentant du gouverneur d’Alexandrie. Malmenés, ils subirent à leur tour le martyre.