Il est étrange de voir que certains endroits nous lient à ceux que nous aimons. Un lien qui n’a pas de raisons. Nous trouvons alors que ceux que nous aimons travaillent ou habitent dans des lieux où l’on se trouve pour des parties de notre vie. Des lieux où nous avons vécu des moments et des mémoires agréables ainsi que d’autres difficiles. Le Sinaï était l’un de ces endroits qui m’a lié à un de mes élèves, un élève que j’aimais beaucoup. C’est le colonel Khaled Dabour. Dieu a voulu que je fasse mon service militaire en 1990 au centre du Sinaï, à l’Armée de l’infanterie, le bataillon 36. Dieu a voulu aussi qu’il soit plusieurs années plus tard le chef du même bataillon.
Lorsque la Guerre d’Octobre a éclaté, j’étais en première primaire à l’école de la cité des ouvriers à El-Mahallah El-Kobra. J’ai compris à l’époque que quelque chose de grandiose se déroulait sur la terre de la patrie. J’ai compris de même que mon frère Abdel-Hamid, qui était dans l’Armée des ingénieurs, n’était pas en vacances et qu’il y avait une autre raison pour son absence. Il servait dans l’Armée et je me réjouissais de le voir quand il revenait des congés de 24 heures. Il faisait la guerre pour restituer le sol sinaïtique qui avait été violé par l’ennemi israélien en 1967. J’avais appris également que mon cousin Abdel-Dayem Zidane faisait la guerre dans une autre armée. A l’époque, je ne faisais pas la différence entre les différentes armées. Pendant de longues années, j’ai rêvé de devenir officier d’Armée comme le martyr Abdel-Dayem Zidane. Le seul obstacle était la demande de mon père, le cheikh qui m’avait sollicité après le bac à m’inscrire à la Faculté de Pédagogie afin de rester à ses côtés. Je me suis plié à son ordre. Mais, quelque chose en moi est resté attirer par l’Académie militaire.
Mais, mes élèves réalisaient les rêves que je n’ai jamais pu réaliser. Un jour, j’étais professeur d’anglais et quand j’apprenais que l’un d’entre eux s’est inscrit à l’Académie militaire, je mourais de joie. J’étais fortement joyeux d’apprendre que l’un parmi ceux qui ont réalisé mon rêve est le colonel Khaled Dabour, fils d’El-Mahallah El-Kobra et fils de la sœur de mes amis Mahmoud et Mohamed Al-Chabraoui. Dabour est devenu membre du bataillon 36 au Sinaï. Il y est tombé en martyr tout comme mon exemple Abdel-Dayem Zidane.
Au retour au village, j’ai appris que les terroristes lâches avaient mené une attaque au centre du Sinaï et que Dabour est tombé en martyr. Son image va demeurer graver dans ma mémoire et la mémoire des lieux dans lesquels nous nous sommes côtoyés.