El-Naqshabandi, la cithare du ciel

Mardi 14 Mai 2019-00:00:00
' Chaimaa Said

Qui de nous ne se remplit pas de plaisir en entendant la belle voix du cheikh El-Naqshabandi chantant «Mawlay» (Mon Seigneur), surtout durant le mois de Ramadan ?  Je vous raconterai, à cette occasion, l’histoire de ce cheikh à la voix d’or, laquelle est perçue par les musiciens comme l’une des plus puissantes et à la tessiture la plus large dans l’histoire des enregistrements. Cheikh Sayyed Muhammad al-Naqshabandi (7 janvier 1920 - 14 février 1976), est l’un des plus célèbres chanteurs dans le domaine du chant religieux. Il est connu pour ses louanges et ses implorations adressées à Dieu, le Seigneur de l’Univers.

Le mot « Naqshaband »en persan désigne le peintre ou le graffiteur ; et le mot « naqshabandi » est relatif à un groupe de soufis, connus par « les Naqshbandis », affiliés à leur cheikh Baha al-Din Naqshband, décédé en 791 AH. Il est né dans le quartier El-Shaqiqa de Damira, un village de la province de Dakahlia, en Égypte, en 1920. Il n’est pas resté longtemps à (Damira) ; sa famille s’est installée dans la ville de Tahta, dans la Haute-Égypte, quand il avait seulement dix ans. À Tahta, il a mémorisé le Coran auprès du cheikh Ahmed Khalil. Il a d’ailleurs appris les chants religieux dans les groupes d’invocation parmi les adeptes de l’ordre Naqshbandi. Son grand-père est Muhammad Bahaa al-Din al-Naqshbandi, qui a été déplacé de Boukhara en Azerbaïdjan vers l’Égypte pour rejoindre Al-Azhar. Son père est un érudit religieux et l’un des cheikhs  « Naqshbandis » soufis. Il a aussi  fréquenté les mouleds d’Abou al-Hajjaj al-Aksari, d’Abdul Rahim al-Qenawi et de Jalal al-Din al-Suyuti. Il mémorisait les poèmes d’al-Busiri et d’Ibn al-Fared. En 1955, il est devenu célèbre dans tous les gouvernorats d’Égypte, ainsi que dans les pays arabes.

En 1966, cheikh El-Naqshbandi s’est rendu au Caire à la mosquée de l’Imam Al-Hussein et a rencontré par hasard Ahmad Farrag, le présentateur radio, avec qui il a enregistré plusieurs chants religieux ; et il a fait de même avec la télévision.

Quant à sa chanson la plus célèbre aujourd’hui « Mawlay »- dont les paroles commencent par : « Mon Seigneur, à ta porte j’ai tendu ma main, je ne cherche protection sauf auprès de toi, mon soutien »- elle a une histoire amusante. Vous serez étonnés d’apprendre que l’ex-président défunt Anouar El-Sadat était le maillon qui a unit El-Naqshabandi et Baligh Hamdi ( le compositeur de la chanson). El-Naqshabandi a hésité un peu au début, croyant que « les mélodies dansantes » de Baligh gacheraient l’état de révérence et de dévotion dans laquelle la chanson tentait de nous faire entrer. Mais, heureusement, il a accepté timidement, pour nous léguer une superbe chanson qui secoue nos émotions.