Archéologie italienne et diplomatie culturelle : Une exposition extraordinaire d’antiquités

Dimanche 05 Août 2018-00:00:00
' Paolo Sabbatini

Pour ce soir de dimanche 5 août,  l’Institut Italien de Culture/ Centre Archéologique a organisé, au Musée Égyptien, place Tahrir, l’ouverture d’une exposition extraordinaire de découvertes archéologiques, résultat des activités des missions italiennes en Egypte de ces dernières années.

L'exposition est visible pour le public dans le cadre magnifique et grandiose du salon d'entrée du Musée, dans des vitrines aménagées pour l'occasion. Il est important de noter que ces vitrines sont à elles-mêmes des chefs-d’œuvre, dessinées probablement par le Directeur Maspero au début du siècle dernier. Nombreuses sont les témoignages du grand travail accompli par les missions archéologiques italiennes, en collaboration étroite avec les homologues égyptiens. Je ne veux pas priver les visiteurs de la joie de la surprise, car c’est difficile de faire une liste de priorités. Je me limiterai donc à quelques exemples.

Au tout début de l’exposition on voit un drap brodé merveilleux, exemple vertueux de la maîtrise des arts appliqués de l’ancienne Égypte. Tout le long du tissu on remarque des motifs originaux de décoration qui ont survécu dans les broderies populaires jusqu’à aujourd’hui. Ce tissu fut découvert par l’égyptologue Edda Bresciani il y a des années. Encore, digne de très grande attention la stèle de la déesse Renenutet-Thermouthis, provenant de son temple à Medinet Madi, d’époque greco-romaine. La déesse a le semblant d’un cobra, symbole magique de la création et du cycle éternel des choses de ce monde.

Je suis néanmoins particulièrement attiré par un petit trésor de monnaies d’or, contenues dans une poêle d’argile. Qui a fait des études classiques ne peut pas s’empêcher de penser à la comédie latine «Aulularia » par Plaute. Chef-d’œuvre absolu de la littérature latine, cette comédie se joue sur les équivoques entre le personnage d’un vieux avare, qui a caché une poêle de monnaies d’or, sa jeune fille et les prétendants. Molière s’inspira de cette comédie pour écrire « L’ Avare ». L’avarice est un vice inextirpable, très commun de nos jours, hélas, à tous les niveaux de la société : j’espère que la vue de cette poêle, aussi bien présentée au Musée Egyptien du Caire, puisse satisfaire symboliquement les désirs cachés, convaincre les avares à lire la comédie de Plaute, à relire la comédie de Molière... et devenir meilleurs dans leur existence quotidienne. L'archéologie et la valorisation du patrimoine sont la compétence du Centre Archéologique Italien, une partie de l'Institut Italien de Culture, qui garde une précieuse bibliothèque sectorielle  au siège à rue Champollion, Le Caire. Les missions archéologiques italiennes sont une vingtaine, et elles garantissent une grande visibilité, même pour la collaboration avec la Bibliotheca Alexandrina.

Je compte donc sur l'enthousiasme de tous ceux qui visitent le Musée Égyptien, les égyptiens et les étrangers, pour ajouter de la lumière à la coopération culturelle entre nos deux Pays.