“Extérieur, nuit”, version égyptienne

Mardi 01 Janvier 2019-00:00:00
' Chaimaa Said

Le taxi est un thème qui a été l’objet de nombreux romans et films en Egypte et dans le monde, depuis Khaled El Khamissi, auteur du roman à succès « Taxi », à Stanely Péan, d’origine haïtienne, qui a écrit « Taximan », passant par le film « Leila Sakhena » (une chaude soirée) de Atef El Tayeb, et « Ala ganb yasta » (ici, chauffeur) de Saïd  Hamed. Le chauffeur de taxi, parcourant différents quartiers et transportant de différents genres de passagers, sa journée peut être chargée de toutes bizarreries, voire de folies. C’est le cœur même de l’histoire du film égyptien « Extérieur, nuit », qui porte – quelle coïncidence ! - le même nom qu’un film français, sorti en 1980.  Ce film raconte l’aventure que fait Léo, un musicien de jazz, qui rentre, déprimé, un soir en taxi. Il est conduit par une chauffeuse, qui s’avère plus tard avoir des mœurs libertines, et qui, devant l’air triste de son charmant client, vient s’assoir à côté de lui et tarifie sa course par un moment d’amour sur la banquette arrière. Le film égyptien relate l’histoire de trois personnages de classes sociales différentes : un chauffeur, une prostituée, et un metteur en scène, qui passent ensemble une folle soirée qui s’allonge jusqu’au lendemain. Par rapport au film français, les rôles sont inversés : Le chauffeur ici est un homme, et la femme est la cliente. La question de division de la société en classes, les quartiers en quartiers riches et quartiers pauvres, ainsi que le machisme et le sexisme sont soulevés. Toutou, la prostituée a été giflée deux fois par Mostafa le chauffeur et le commissaire de police sans que personne ne réagisse. Tout le monde voulait se procurer de son corps même ceux qui prétendaient être les gardiens de bonnes mœurs. Mais contrairement au film français, aucun rapport sexuel n’a été entamé avec les protagonistes, sauf des préliminaires avec Mo, le metteur en scène. Mo, dans son milieu où il exerce son métier, semble maitriser les choses, mais la nuit il perd tout contrôle. Ce long-métrage met aussi en lumière les contradictions dans la société égyptienne : Mostafa, le chauffeur, boit de la bière et se drogue, mais fait sa prière et se dresse contre les relations hors mariage. Un brin d’ironie se dégage aussi dans d’autres endroits. Un film qui, malgré tout, est passionnant et t’essouffle en attendant la suite des évènements.