Éloge du chat

Dimanche 03 Juin 2018-00:00:00
' Paolo Sabbatini

Dans l'article qui concerne le chat dans l'Encyclopédie italienne,  il est écrit: «on peut dire que le chat est plus lié à l’habitation de l'homme qu'à l'homme lui-même, devant lequel il maintient une certaine indépendance». C'est exact. Les chats, partout où ils soient, aussi ceux qui sont des hôtes momentanés de l'Institut Italien de Culture à Zamalek, se montrent indifférents aux instructions supérieures. Ils se croient les patrons. Et malgré votre serviteur le Directeur, ils continuent à considérer ce palais institutionnel comme un fief, et moi comme un vassal! Heureusement j'adore les chats, et je mène une bataille quotidienne entre l’amour pour ces félins et l’éthique professionnelle, aussi pour des raisons d’hygiène et de sécurité.

Les chats fréquentent la cour, le hall d'entrée, la conciergerie, la terrasse supérieure et celle du premier étage, et ils se glissent, parfois, dans les couloirs et les escaliers, pour en être chassés à fatigue.

En théorie, ces chats auraient dû mener une guerre d'extermination contre d'autres animaux non désirés, mais ils sont tellement chez eux qu’ils passent leurs journées à dormir dans un état plus ou moins comateux, ou dans des délicates opérations de toilette.

La nuit, ils cherchent un repaire génial dans la cour bordée d'arbres à côté de l'Institut, où (aux mois de février et de juin, quand les chats font l'amour) ils se délectent d’émettre des symphonies, tout autre que classiques. Il s’agit des bagarres des mâles entre eux, ou avec les femelles récalcitrantes !

Parfois, l'Institut organise des buffets et des cocktails.

Les chats accourent à l'odeur insolite de plats succulents, et ils se présentent en nombre légèrement inférieur à celui des invités.

Ils sont tous dans le jardin à attendre les plats qui entrent et sortent de la salle de banquet, et en miaulant ils se frottent amoureusement aux jambes des serveurs, en faisant comprendre qu'ils veulent aussi célébrer l’hôte illustre en acceptant les restes du poisson, un os de poulet encore garni, ou un peu de tourte au foie gras.

Le doyen de ces chats est un gros matou gris au maculage transversal, tellement pompeux et prétentieux qu'il semble l'animal symbolique et sacré que les Égyptiens vénéraient. Et peut être en effet qu'un ancêtre de notre chat ait été un chat des Pharaons! Je conclus mon article avec un éloge de ces invités honorables, en invitant tout le monde à les aimer et les respecter en honneur d'une tradition glorieuse de cette terre sur le Nil.