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Montazah, vestiges royaux

« Palais et jardins de Montazah »est un ouvrage qui retrace l’histoire de la résidence d’été des derniers rois d’Egypte... Une histoire qui commence il y a plus de 2000 ans. Salamlek, Haramlek, les jardins historiques, sans oublier le kiosque à thé et les jardins qui les entourent: les composants architecturaux du palais Montazah sont l’une des merveilles du pays. Montazah, c’est aussi une partie de l’histoire d’Alexandrie, une histoire qui commence il y a plus de deux millénaires.

 

Depuis belle lurette, Alexandrie était traditionnellement le lieu où les riches Cairotes venaient échapper aux chaleurs de l’été, le climat de cette ville méditerranéenne étant bien plus doux que celui de la capitale, située à quelques 225 kilomètres plus au sud. La famille royale d’Egypte faisait de même. Le khédive Abbas II, le dirigeant du khédivat d’Egypte et du Soudan de 1892 à 1914, fit construire Montazah, comme résidence d’été, le long de la côte alexandrine.

C'est ainsi que la région de Montazah ne connut son essor qu’au XIXe siècle, sous Mohamad Ali. C’est lui qui fit construire le palais de Ras Al-Tine. Peu après, il décida d’en bâtir un autre à l’autre extrémité de la corniche. Mais il n’en eut pas le temps.

Il fallait attendre le khédive Abbas Helmi II  pour qu’un autre palais voie le jour sur une petite colline appelée Salamlek, une nomination turque signifiant « endroit de délassement et de quiétude ».Fasciné par le plus grand jardin de la ville d’Alexandrie, avec ses plantes et arbres rares, conçu par son grand père Mohamad Ali, le khédive Abbas Helmi II décida de s’y construire ce palais pour passer les vacances d’été en famille.

Une fois la construction du palais terminée, le khédive Abbas Helmi II donna à cette région le nom de Montazah.

 Le palais fait appel aux styles autrichiens, assez répandus à l’époque. L’architecte de la famille royale, Dimitri Fabricious, d’origine grecque, conçut le grand palais, Al-Salamlek, au style baroque autrichien, mêlant architecture médiévale et celle de la Renaissance. Il est surmonté de tours et de multiples coupoles.L’architecte créa un bâtiment symétrique et joua avec les matières et la lumière. Les jardins entourant ce palais furent un lieu de chasse, le grand plaisir du khédive.

Mais très vite, la famille royale emménagea dans une petite villa que venait de faire construire le khédive sur une autre colline à proximité de la première. La villa fut détruite à l’ordre du roi Fouad en 1926 qui demanda à l’architecte italien Ernesto Virocci bey d’y construire un nouveau palais (Al-Haramlek), présentant un style architectural unique, où les influences turque et florentine s’harmonisaient. Aujourd’hui, le palais Al-Haramlek abrite un musée dédié à l’histoire et à l’art sous la dynastie de Mohamad Ali. 

 

Ajouts contemporains

Le nouveau palais se caractérisait par sa cour interne couverte du verre teinté. De cette cour jaillissaient les éléments architecturaux qui distinguaient le palais: escaliers internes et externes, terrasses, tours et ornementations.

Avec l’arrivée du roi Farouq, le palais de Montazah prit d’autres fonctions. Le roi demanda à l’architecte renommé Moustapha Pacha Fahmi de relier les deux palais royaux avec un kiosque à thé de style classique. L’architecte alla aussi y installer un cinéma, un bureau extérieur pour le roi et plusieurs annexes de services, comme le château d’eau, l’écurie et la station royale du chemin de fer, sans oublier une école consacrée aux membres de la famille royale.

Le palais de Montazah changeait de visage au gré de l’histoire politique égyptienne. Séduit par la beauté du lieu, chaque dirigeant voulut y laisser sa marque. 

Abbas Helmi s’intéressait beaucoup au développement du jardin du palais et de la forêt. Ces jardins, entourés par de grands murs au sud, à l’est et à l’ouest, et s’ouvrant sur une plage au nord, sont, jusqu’à aujourd’hui, connus pour leurs espèces d’arbres et de plantes remarquables avec des pins, palmiers, casuarinas et parterres de fleurs qui s’étendent sur un vaste espace.

Ces superficies vertes étaient longtemps utilisées pour le tournage des films cinématographiques les plus célèbres comme « Abi Fawq Al-Chagara » du grand chanteur égyptien Abdel-Halim Hafez en 1969. Soad Hosni chanta également sur le pont de Montazah sa chanson Bambi (rose), dans le film « Amira Hobi Ana » en 1975. La liste des films est longue, et les producteurs se précipitaient pour y tourner, vu la beauté de ces palais et de ces jardins 

Le grand palais fut construit sur trois étages. Au premier étage se trouvait un grand nombre de salles et le bureau du roi. Il comprenaitégalement une salle de billard et une salle à manger. Le deuxième étage était la zone de la maison royale où vivaient les domestiques et les serviteurs de la famille royale, alors que le dernier étage était celui du roi, de la reine et de leurs enfants.Ce palais donnait d’une part sur des jardins de cactus, et sur le port royal d’autre part. A l’extérieur, des piscines « naturelles » furent créées pour les princesses.

 

Secret de la lettre F

Lors d’une soirée d’été, alors que le roi Fouad flânait dans les jardins du palais de Montazah, une vieille femme apparut devant lui et lui prédit un destin agréable pour lui et sa famille. Suite à ces paroles, Fouad donna l’ordre à des artistes italiens de décorer le palais de Montazah avec d’énormes calligraphies portant la lettre F. Peu de temps après, la première fille de Fouad naquit, et il lui donna un nom commençant par F— Fawziya. Sa deuxième fille s’appellait Fayza, la troisième Fayqa, et la quatrième Fathiya. Farouq était le cinquième enfant. Il fut le fils et héritier du roi.

Devenu roi d’Egypte en 1936, Farouq continua à utiliser la lettre F qui domina tous les palais. Avec son arrivée, le palais de Montazah prit d’autres fonctions. Ce ne fut plus seulement une résidence estivale pour la famille royale, mais aussi un lieu à partir duquel le roi régna sur le pays.