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Le réalisateur marocain Hassan Benjelloun en exclusivité au Progrès Egyptien

« Pour la cause » est le dernier opus du réalisateur marocain Hassan Benjelloun. Le long métrage raconte l'histoire d'un jeune musicien palestinien Karim (Rami Maqdessi) vivant en Espagne et d'une chanteuse française d'origine juive Sérine (Julie Dry), venus au Maroc en provenance de Barcelone. Cette dernière propose à Karim de l’accompagner pour animer un concert à Oran. Il accepte spontanément et là on comprend la métaphore qui prendra toute sa place dans ce long-métrage bien écrit et rodé. Oui cette acceptation ne sera que le début d’un dilemme interminable au niveau des frontières entre deux pays voisins le Maroc et l’Algérie. Karim doit prouver qu’il est bien lui-même alors que Sérine a l’autorisation de passer tranquillement les frontières arabes mettant en exergue tous les paradoxes que vit cette partie du monde qu’est le monde arabe. Le sujet est traité avec brio et avec un humour intelligent. « Pour la cause » traite d’un sujet grave loin des entiers battus, en respectant la mentalité du spectateur et en l’invitant à y réfléchir sans verser des larmes gratuites. Ce film de 93 minutes montre que la Palestine et sa cause sont dans le cœur des peuples arabes.  

 

*Comment vous est venue l’idée du film et pourquoi avoir fait appel à des comédiens étrangers ? 

Hassan Benjelloun : C’est une histoire que j’ai vécu moi-même en traversant en 1972 les frontières de l’Autriche vers la Tchécoslovaquie. C’est à dire du monde capitaliste vers le monde communiste. J’étais accompagné d’une amie et on a eu les mêmes problèmes. On s’est retrouvé sur un no mans land. On a campé là-bas et on a commencé à parler et à discuter. J’ai découvert des choses sur elle que je ne connaissais pas et elle aussi a découvert des choses qu’elle ignorait sur moi. En même temps, je voulais évoquer le problème de la cause palestinienne parce que maintenant avec tous les problèmes que vivent les pays arabes, la cause palestinienne est devenue très secondaire. Je voulais chatouiller la conscience des arabes vis à vis de la cause palestinienne. Pour le choix des comédiens étrangers et pour la crédibilité j’ai cherché un vrai palestinien pour sentir le personnage et pour être crédible. Et aussi pour qu’il m’aide à installer le personnage d’un vrai palestinien. Il me fallait une française d’origine juive, de préférence du Maroc. J’ai cherché longtemps avant de trouver July qui correspondait. Une deuxième fois pour qu’elle sente le personnage. Il est préférable, selon moi de prendre des comédiens qui sont concernés directement.  

*Pensez-vous que la cause palestinienne aura une issue ? 

H.B :je suis très optimiste. La cause palestinienne restera présente quoiqu’il arrive dans la conscience arabe. Je me posais beaucoup de questions parce que j’ai fait beaucoup d’enquêtes, j’ai fait une grande recherche et je suis arrivé a la conclusion qu’on ne peut pas résoudre un problème si on ne se donne pas la main. Je suis contre la normalisation avec Israël mais je crois qu’il y a des Israéliens non sionistes et de gauche et s’ils prennent le pouvoir, ils pourront résoudre avec les Palestiniens le problème. D’ailleurs, l’un des protagoniste le dit dans le film « si les Arabes laissent la Palestine tranquille, le problème se résoudra ». La cause palestiniennes sera résolue en faveur des palestiniens.  

* L’histoire commence tout de suite avec une rencontre entre deux personnes qui ne se connaissaient pas du tout. La chanteuse française propose un concert et le musicien palestinien accepte tout de suite. Le hasard, la coïncidence, le destin…vous y croyez ? 

H.B :oui je crois au destin. Tu peux partager ta vie avec une personne que tu as rencontrée dans un train. On peut mourir parce qu’on était là à un moment où il ne fallait pas par exemple. Le monde est fait de ces hasards, ce n’est pas scientifique et en même temps je crois à la bonne cause. Pourquoi ne pas accompagner la jeune et belle pour un concert. Il avait toutes les raisons de le faire, sans calculer les dangers.