Shéhérazade raconte tous les soirs des histoires au roi. Des histoires qu'elle a regroupées du fond de l'Egypte, mais qui sont riches en morale. Aujourd'hui, elle raconte l'histoire du pêcheur.
Il était une fois un pêcheur qui vivait avec sa petite famille dans une humble maison. Sa pauvreté était tolérable parce qu’il avait une vie misérable et chaleureuse, comme il le disait constamment. Il aimait beaucoup sa famille et pensait que l’amour de la famille est la chose la plus noble sur Terre. C’était d’après lui son unique trésor. Ce qui le rendait heureux c’était de rentrer chez lui en fin de journée alors que ses enfants le guettent et attendent de manger quelques poissons ou sa femme qui attendait quelques sous.
La famille menait sa vie dans cette ambiance calme et chaleureuse. Elle avait une coutume, priez à chaque repas. A chaque fois, elle disait : «Dieu, tu m’as offert ce bien, bénis-le et maudis tous ceux qui cherchent à me le voler». C’était une prière quotidienne que tous les membres de la famille répétaient à tout moment.
Le matin, comme d’habitude, le pêcheur est allé pêcher des poissons dans le grand fleuve. Il passait une longue journée sans que son filet n’attrape un seul poisson. Malgré cela, il ne désespérait pas. Il était confiant dans la générosité divine. Il se disait «Dieu est Grand, il m’offrira quelque chose». La confiance en Dieu est le seul sentiment qui sera toujours récompensé. Enfin vers la fin de la journée, le pêcheur trouve un énorme poisson. Fou de joie, il se dit : «Cela sera suffisant pour nourrir ma petite famille». Puis, il commence à répéter la fameuse prière familiale : «Dieu, tu m’as offert ce bien, bénis-le et maudis tous ceux qui cherchent à me le voler».
C’est à ce moment précisément qu’un homme fort et tout puissant apparaît, il ordonne au pêcheur de lui donner le poisson.
Le pêcheur, embarrassé, lui dit : « Je ne peux pas vous le donner, il servira à nourrir ma petite famille. Mais, si vous y tenez, je peux vous le vendre. Avec l’argent, je vais nourrir ma petite famille ». Sur un ton sarcastique, l’homme a battu le pêcheur et a pris le poisson. Il se retourna et dit au vieux père de famille : «Je me fous de toi et de ta famille».
Sur son chemin, l’homme se fait mordre par le poisson qui était encore en vie. Il rentre chez lui, demande à son serviteur de lui préparer le poisson, le mange et s’endort. Au réveil, il avait terriblement mal, son doigt mordu par le poisson était gros et sa couleur était verdâtre. Il fait venir le médecin qui lui conseille de se faire couper le doigt, mais l’homme refuse. Il se dit un autre médecin me donnera un autre remède. Mais, tous les médecins ont confirmé la même chose : «Il faut couper non pas seulement le doigt, mais toute la main car le mal s’est propagé dans son corps».
L’homme se résigne et se fait couper la main, mais sa souffrance ne s’arrête pas là. Le bras commence à lui faire mal et les médecins lui ordonnent de se faire couper le bras. Dans ce tourbillon, l’homme décide de voir le sage du village. Ce dernier l’écoute, puis, lui demande : «Quand est-ce que ta souffrance a commencé ? Rappelle-toi bien les détails».
L’homme lui raconte alors l’histoire du poisson, du pêcheur et son doigt. Il demande au sage : «Est-ce que ce poisson était empoisonné ?»
Le sage : «Il ne l’était pas. Mais, tu l’as empoisonné en le volant. Pour arrêter ta misère, va demander pardon au pêcheur».
L’homme va voir le pêcheur pour présenter ses excuses. A son arrivée, la famille sert un dîner très modeste. Il entend toute la famille prier et dire en chœur : «Dieu, tu m’as offert ce bien, bénis-le et maudis tous ceux qui cherchent à me le voler».
Il a alors compris la source de son malheur, il avait été maudit pour avoir volé le bien d’autrui. C’est que la puissance physique ou le pouvoir des uns ne peuvent triompher que momentanément.
En fin de compte, la justice divine s’impose.