Shéhérazade raconte tous les soirs des histoires au roi. Des histoires qu'elle a regroupées du fond de l'Egypte, mais qui sont riches en morale. Aujourd'hui, elle raconte l'histoire de la vendeuse de lait.
Il était une fois un village assez pauvre et modeste. Il y avait une jeune fille qui y vivait avec sa pauvre famille : sa mère, ses frères et sœurs. Etant la plus âgée, elle devait subvenir aux besoins de sa famille. Après la mort du père, la famille avait connu des jours difficiles. Charpentier du village, il gagnait un revenu qui leur permettait de se nourrir correctement.
Après la mort du père, la mère commence à travailler pour subvenir aux besoins de ses petits. Mais, sa vie n’est pas facile. Une maladie grave la touche et sa vue devient faible, du moins pour coudre. C'est à ce moment que la famille se retrouve réduite à une misère sans poésie et que la jeune fille « Zahra » doit remplacer ses parents pour aider ses frères et sœurs.
Zahra a proposé ses services partout, elle voulait trouver n’importe quel métier digne pour nourrir sa petite famille. Tout le monde la connaissait au village, c’était une fille douce et gentille. Cependant, personne ne lui a offert du travail. Après plusieurs semaines de recherche, la boulangère du village lui a proposé de l’aider pour confectionner le pain et le vendre de bonne heure aux villageois, Zahra folle de joie se précipite sur l’offre et essaye de prouver qu’elle dispose d’énormes compétences.
Elle travaille comme une cinglée et se tue à l’ouvrage. Elle pense qu’elle va gagner ainsi sa cause. En fin de journée, la boulangère la remercie pour son travail. Elle lui donne du pain et deux sous. C’était la somme qui lui serait attribuée quotidiennement. Il s’agissait là d’une somme très maigre, mais la petite famille de la jeune fille avait déjà connu des jours entiers sans qu’il y ait le moindre bout de pain à la maison.
De toute façon, elle n’avait pas de choix, nulle autre personne n’était prête à lui donner davantage d’argent ou encore à l’embaucher. Zahra s’est résignée à accepter la situation telle qu’elle est. Les deux sous ne suffisaient pas. Elle voyait ses frères et sœurs déplorer leur sort dans un silence profond et morne.
Un jour, la propriétaire de l’unique restaurant-café du village est allée acheter du pain chez Zahra. Voyant une jeune fille fine et respectueuse, elle lui propose de travailler contre un vrai « salaire ». Zahra a accepté l’offre et a quitté la boulangerie où elle travaillait depuis plusieurs semaines déjà.
Au restaurant, le travail était plus fatigant, les responsabilités plus dures, mais le salaire méritait le coup. En plus, elle avait droit à trois plats au quotidien, elle en mangeait un ou deux et emportait le reste à la maison pour ses frères et sœurs qui pouvaient enfin savourer autre chose que du pain.
La restauratrice l’a traitée correctement, mais avec froideur. Rien ne pouvait être reproché à la vieille femme. Celle-ci lui parlait avec respect et la payait à temps. Zahra se sentait toutefois toujours tenue à l’écart de la cuisine et elle devait se résigner à son rôle de simple serveuse.
Quant aux clients, qu’ils soient habitants au village ou encore de simples voyageurs de passage, tous l’aimaient et appréciaient sa gentillesse et son sourire candide.
En plus du salaire, la jeune fille avait gagné quelques sommes supplémentaires en raison du pourboire accumulé. La patronne réclamait la moitié de cette somme, mais la laissait s’en aller avec l’autre moitié. Un soir, Zahra nettoyait les tables comme d’habitude au départ du dernier client quand une dispute éclata entre la patronne et le cuisinier. Se disant, non concernée, la jeune fille continuait son travail avec sérieux. Plus tard, elle découvrira que ce jour va changer totalement sa vie.
(A suivre)