Shéhérazade raconte tous les soirs des histoires au roi. Des histoires qu'elle a regroupées du fond de l'Egypte, mais qui sont riches en morale. Aujourd'hui, elle raconte l'histoire de la patrie.
Il était une fois deux oiseaux, deux petits oiseaux qui vivaient dans un lieu désertique où la chaleur torride n’épargnait aucune créature. Ils souffraient jour et nuit de la chaleur et du manque d’eau. Puis, un jour, une brise de vent est venue du côté du sud. Une belle brise qui a permis de surmonter les jours douloureux de chaleur. Les deux oiseaux ont commencé à chanter de joie. La brise estivale les a rafraîchis et leur a permis de se sentir plus vivants.
La brise a commencé à les caresser et à les cajoler. Puis, elle a adressé la parole : « Comment deux beaux oiseaux si fragiles et si tendres acceptent-ils de vivre dans une terre désertique où la chaleur torride n’épargne aucune créature ? »
« Si vous le voulez bien, je peux vous conduire vers le sud, là d’où je viens. Là-bas, le vent chatouille vos becs et l’eau douce vous offre une vraie détente. Là-bas, cette terre du sud vous offre des graines meilleures que le miel. Au sud, il y a un vrai paradis qui vous attend », a-t-elle dit.
Puis, elle se retire laissant les deux oiseaux penser et réfléchir à leur sort. Les deux oiseaux souffraient au quotidien pour trouver quelques graines à manger et de l’eau à boire. La chaleur les épuisait et le manque de brise les fatiguait.
Quelques jours plus tard, la brise revient, cette fois-ci, elle leur promet davantage de choses, des arbres plus beaux. Des fruits à perte de vue. Bref, l’Eden des oiseaux, loin des autres animaux féroces qui peuvent leur faire peur.
Pendant un moment, les deux oiseaux rêvent et l’un d’entre eux se dit pourquoi ne pas aller au sud, la vie y est plus facile et plus simple.
L’autre oiseau a posé une question à la brise : « Brise où es-tu née ? Où vis-tu ? »
La brise a répondu : « Je suis une brise, je ne suis pas née dans un seul endroit et je ne vis nulle part, mais plutôt, je vis partout ».
A ce moment, le sage oiseau lui dit : « Tu vois chère brise, tu ne sais où tu es né ! Ni où tu vas ! Tu passes ta vie à te déplacer d’un lieu à l’autre sans jamais te fixer dans un endroit précis. Tu vois les lieux sans vraiment les connaître, tu décris le pays du sud, mais tu n’y as jamais vécu pour savoir si tout ce que tu racontes est vrai ou faux. D’ailleurs, tu n’as pas de patrie. Tu ne sais pas c’est quoi d’avoir une patrie, même quand il fait chaud ou encore qu’il n’y a pas assez de nourriture, c’est notre patrie. Notre maison est ici. Même si ton paradis est meilleur, ici, nous avons nos racines, nos souvenirs, nos ancêtres. Une patrie vaut bien que de simples graines mielleuses ou de l’eau douce. Une patrie c’est ce qui reste quand tout va mal ».
La brise a été choquée par les propos de l’oiseau, elle décide alors de reprendre son chemin, mais promet de retourner davantage vers cette terre désertique que les oiseaux continuent à aimer malgré la vie dure. L’oiseau a poursuivi sa dure quête de graines et a continué à chercher une source d’eau.
Malgré cette bataille quotidienne, il était fier et il s’est dit : «La patrie c’est le cœur qu’on ne peut pas remplacer, ce sont les racines qu’il ne faut jamais couper».