La momification, cette recette vieille de plus de 6000 ans

Marwa Mourad Samedi 10 Octobre 2020-11:56:01 Chronique et Analyse
La momification
La momification

Les anciens Égyptiens croyaient à la résurrection et à la vie éternelle. Pour y accéder, les corps devaient être momifiés, avant d'être placés dans des tombeaux contenant tout ce dont les défunts auraient besoin par la suite : objets familiers, animaux… La momification la plus ancienne est la momification égyptienne. Les plus anciennes momies égyptiennes datent de 6 000 ans. La plus célèbre est celle de Toutankhamon dont la tombe a été découverte par l'archéologue anglais, Howard Carter,  le 4 novembre 1922. Le Progrès Egyptien vous invite à apprendrez tout sur les techniques de momification. Suivez…

 

 

 

Bien que l'embaumement soit fascinant et a un côté esthétique, la momification avait un vrai but pour les égyptiens. Le but de l'embaumement d'un défunt était de conserver son corps et de lui donner l'aspect le plus proche de celui qu'il avait de son vivant. Ceci pour qu'il ait une apparence convenable en passant devant le dieu des morts « Osiris » pour être jugé et ensuite continuer à vivre au paradis avec un corps possédant toutes ses fonctions vitales.

Les embaumeurs, effectuaient habituellement l'ensemble des opérations destinées à arrêter le processus de décomposition après la mort. Ces opérations consistaient à :

- Extraire l'ensemble des organes susceptibles d’accélérer la décomposition (les viscères de la cavité abdominale et thoracique, le cerveau)

- Extraire une grande partie de l'eau contenue dans le corps du défunt grâce à une technique permettant sa déshydratation, cette dessiccation généralisée du corps arrêtait définitivement sa putréfaction

- Combler les cavités corporelles (le crâne, la cavité nasale, la cavité thoraco-abdominale etc.) mais aussi redonner une certaine souplesse physique au corps et à la peau

- Le bandelettage de la dépouille permettait de protéger le corps du défunt des effets néfastes dus à l'environnement ( humidité, variations de température, micro-organismes...)

Les processus de momification durait soixante-dix jours.

Nous étudierons plus précisément la réalisation de ces étapes et leurs objectifs.

 

Le lavage du corps

Le corps du défunt était plongé dans de l'eau prise au lac sacré du temple, en y ajoutant du sel de natron, du vin de palme pour éliminer les microbes à la surface de la peau afin d’éviter le développement de ces microbes et la putréfaction du corps.

Éviscération

Une incision latérale était faite sur la paroi abdominale laparotomie (sur le flanc gauche du défunt) pour extraire l'ensemble des viscères sauf le cœur. Les embaumeurs utilisaient leurs mains qu'ils introduisaient profondément dans le corps du défunt, mais pouvaient aussi utiliser des instruments adaptés comme la pierre aiguisée.

Cependant, la vessie, les reins, et la rate étaient laissés en place. Cette étape s’achevait par le nettoyage et le rinçage de la cavité thoracique et abdominale lavée avec des tampons, et rincées abondamment avec de l'eau et du vin de palme mélangés à des produits aromatiques. L’éviscération stoppe la décomposition du corps, empêchant la nécrose cellulaire, l’acidification des viscères mais aussi l'automlyse (fait que les organes se détruisent rapidement).

Excérébration

L'excérébration commence par l'introduction d'un crochet en fer dans la narine gauche afin de briser l'os ethmoïde. Cela permet de découper en petits morceaux le cerveau, puis par un mouvement de rotation liquéfier le reste du cerveau et le laisser s'écouler après avoir abaissé et tourné la tête vers le bas (la cavité crânienne est nettoyée et rincée avec du vin de palme (14 % d'alcool éthylique).

La déshydratation

Ensuite, il faut extraire l'eau contenue dans le corps du défunt. Cette technique consiste à dessécher le corps à l'aide de paquets placés dans les cavités thoraciques et abdominales, contenant du natron solide afin d'accélérer la déshydratation. D'autres paquets contenant de la sciure, de la paille ou des fibres étaient placés afin d’absorber les liquides dégagées par l'autophagie, ce qui empêche la putréfaction.

Par la suite, le corps était placé entièrement dans du natron solide en quantité égale à dix fois le volume du corps à momifier, cette étape durait 40 jours. Pendant cette période, le natron, par un mécanisme de pression osmotique, jouait le rôle de substance dessiccative permettant d'extraire l'eau et d'empêcher ainsi le liquide qui suinte de la peau et des tissus lors du pourrissement du corps, de se manifester. Le natron est un mélange de carbonate et de bicarbonate de soude, il possède des propriétés hygroscopiques. Il arrête définitivement la putréfaction du corps car les protéines et les bactéries ont besoin d'eau pour vivre et fonctionner. La déshydratation permet d'éliminer de 30 à 40 % du poids du cadavre.

Le bandelettage

La dernière étape, consistait à envelopper le cadavre dans des bandelettes de lin. Cette étape, débutait avec un grand linceul posé sur le corps. Le bandelettage commençait par les doigts puis les membres supérieurs et inférieurs. Les membres étaient attachés soit avec une corde ou du lin, et le bandelettage du corps était fait deux fois. Les bandelettes de lin étaient préalablement imprégnées d'huile, de cire et de gomme végétale pour la fixation, mais aussi pour éviter certains facteurs dus à l'environnement comme l'humidité qui peut entraîner la putréfaction.

Cette technique de momification était pratiquée sous le Nouvel Empire (1580-1091). Elle n'a cessé de s'améliorer au cours des trois millénaires qui ont suivi et durant lesquels la culture égyptienne s'est développée.

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