Par moments, la vie nous fait de véritables cadeaux sur notre chemin. Il ne s’agit pas de gains, ni d’objets de valeur, mais des personnes que nous croisons par hasard et qui représentent une véritable aubaine. C’est ainsi que je peux évoquer ma relation avec l’écrivain Ihab Al-Wardani. Nous nous sommes rencontrés dans la ville de Mahalla Al-Kobra à la fin des années 80. Malgré nos différences idéologiques, une amitié solide s’est tissée entre nous. Nous étions des adolescents à la fleur de l’âge, nous avions l’habitude de collaborer dans le cadre de projets culturels. Des projets qui étaient sans importance, mais qui à nos yeux étaient grandioses. Il avait plus d’expériences que nous autres. En effet, il ressemblait à un grand frère qui tendait toujours la main pour aider autrui. Al-Wardani pouvait acquérir rapidement le savoir, et adorait lire. Je n’ai jamais vu en lui un concurrent ou un compétiteur. Ce n’est pas son genre. Il appartient plutôt à cette lignée de personnes qui vous offrent un appui continu. Nous avons adopté chacun une vision différente à l’égard de la vie, même notre attitude n’a jamais été la même envers les différentes situations ou personnes. Notre seul point de convergence c’est notre amitié et notre respect mutuel qui ont continué à nous lier. Je me rappelle que le premier magazine qui nous a regroupés et qui a d’ailleurs regroupé toute notre génération d’écrivains est le magazine « Delta » dont le rédacteur en chef était le poète Farag Métaw’e. Al-Wardani dirigeait le magazine à ses côtés. Une expérience qui a révélé quelqu’un capable de diriger avec sagesse et c’était aussi une bonne formation. Puis, j’ai eu une seconde expérience avec lui avec le magazine « Ghazl » dont il était le rédacteur en chef et qu’il préparait depuis son appartement à Al-Magoul. Ensuite, le groupe littéraire « Roaa » (Visions) s’est formé et a contribué à la publication d’une vingtaine de livres pour les amis. Il faut reconnaître qu’Al-Wardani était le contributeur le plus important, voire même le véritable chef d’orchestre. Mais, la vraie joie c’était à l’occasion de la publication de son premier recueil de nouvelles « Devant la porte de Naassa ». C’était une vraie fête aussi bien pour moi que pour tout le groupe littéraire. On avait l’impression que nous étions une tribu qui a assisté à la naissance et au baptême d’un écrivain.
(A suivre)