Le tonnerre gronde, le ciel est si noir, que la lumière est allumée.
Une pluie diluvienne s’abat sur la cité corsaire, elle fait un boucan terrible sur la terrasse, où les grosses gouttes rebondissent telles des balles de ping-pong.
Je regarde, mélancolique, cet été si court qui s’en va déjà.
Pourtant nous avions salué son arrivée, le cœur plein d’espoir, convaincus qu’il mettrait un terme à l’épidémie qui a tant bouleversé nos vies.
Il n’en est rien, la Corona virus est toujours là, et se joue de nos peurs, tout juste quelques semaines de répit, et la revoilà triomphante et narquoise !
Il va sans dire que les tests plus nombreux, favorisent l’augmentation des chiffres, mais cela n’explique pas tout.
On ne peut ignorer que les rassemblements, pourtant interdits, ont aggravé le processus.
Ici et là, on nous parle de 9 000 personnes dans un parc de loisirs, de 10 000 supporter pour un match de foot, de fêtes organisées à l’insu des pouvoirs publics, et que sais-je encore?
Å l’évidence, nous sommes fatigués de vivre sous la loi de ce petit virus démoniaque, nous avons soif de retrouver notre liberté d’aller et venir, à notre guise, de rencontrer les autres, ceux qui nous ont tant manqués.
Pour les plus jeunes d’entre nous, c’est un cauchemar dont ils veulent sortir, de gré ou de force, c’est humain et compréhensible, mais ils deviennent aujourd’hui, la première cible de l’ennemi, alors qu’ils avaient été épargnés dans un premier temps.
Les nouveaux cas déclarés touchent les 25/30 an, cette période de la vie où on se croit invincible et immortel.
Le masque est devenu obligatoire partout, même à l’extérieur, mais les irréductibles, les anti-masques sont légion. Au nom d’une sacro-sainte liberté, dont la Covid 19 se nargue.
Sans cohésion, solidarité et unité, je ne sais pas quand nous sortirons de cette période troublée.
Entre la pandémie, le temps, je n’ai d’autre alternative que de me tourner vers toi, ma belle Egypte.
Je ne me sens pas isolée, grâce à Dieu, mes amis égyptiens sont là, qui pour m’envoyer des vidéos, des images qui me parlent de toi, toi qui me manque tant.
Et puis j’ai découvert sur une chaîne de télévision, toute une série de films égyptiens, certains récents d’autres beaucoup moins, et je découvre avec bonheur le cinéma de ma deuxième patrie.
Même si le virus a aussi meurtri des familles, sur la terre des pharaons, il n’a pas été aussi meurtrier, les règles sanitaires appliquées dès le début, se sont révélées efficaces, et la discipline a fait le reste.
Enfin, les vols ont repris presque normalement, et je songe avec allégresse à te retrouver Masr, je n’ai aucun mal à m’imaginer au sortir de Cairo-Airport, le masque que je porterai me semblera étrangement léger, ma respiration se fera plus fluide, tout simplement parce que je serai chez moi, et que je me redécouvrirai vivante, pour la première fois, depuis longtemps.
Je n’entends plus ni le tonnerre, ni la pluie, je sens seulement la caresse de Râ sur mes bras, enveloppée dans le cocon d’amour que tu as tissé pour moi, mon Egypte.
Merci de m’aider à rester debout, face aux vents contraires.
Je serai là, bientôt, je te le promets !
Insha Allah !
Tahya Masr ! Ana Masria !