Naguib Mahfouz est né au vieux Caire en 1911, issu d'une famille bourgeoise dont le père est fonctionnaire. Après avoir étudié la philosophie à la Faculté des Lettres, il a obtenu sa licence en 1934. Pendant ses études universitaires, il a adhéré au parti "Wafd" qui constituait une puissance redoutable face aux Anglais et au palais royal.
Agé de 19 ans, le jeune Naguib a commencé à écrire. La philosophie et la littérature sont à la base de ses articles, parus dans la revue Al Majalla al-Jadida (Le nouveau magazine) de 1928 à 1936. Comme le roman lui paraissait le genre le plus convenable, il s'y est consacré. Prudent de bien apprendre la technique romanesque, il a lu les chefs-d'œuvre de la littérature mondiale, particulièrement ceux de Flaubert et Proust. Influencé par Mohamed Hussein Haykal qui a essayé de créer une littérature nationale, Mahfouz s'est initié à écrire des romans ayant pour objet l'histoire de l'Égypte ancienne et contemporaine. Dès ce moment, il "représente et symbolise l'Égypte, son pays, plus que n'importe quel autre écrivain dans l'histoire moderne, au point que les noms de Naguib Mahfouz et de l'Égypte sont devenus presque synonymes."
Mahfouz s'est jeté dans l'écriture, renonçant à la vie mondaine, restant étroitement lié à sa ville natale. Rappelons ici qu'il n'a quitté l'Égypte que deux fois pour se rendre au Yémen et en Yougoslavie. Ceci a poussé notre auteur Mohamed Gebril à dire: "Naguib Mahfouz est un ascète dans le temple de l'art". Même ses sorties étaient destinées à ses amis et à ses disciples; il avait l'habitude de fréquenter chaque semaine le Salon littéraire organisé par le Café Opéra; chaque vendredi celui du Café Riche; chaque jeudi celui du Café Orabi. Tous ces lieux témoignent de ses discussions passionnées.
Malgré cela, Mahfouz a tant voyagé à travers ses lectures. Il était ouvert sur les Lettres européennes, particulièrement les littératures anglaise et française dont il a profité dans sa technique romanesque. Sa production volumineuse se distingue à la fois par la qualité et la quantité. Au cours de sa carrière d'écrivain, il a présenté plus de 50 ouvrages, contribuant à créer une prose arabe moderne. Latifa El Zayyat nous informe que Mahfouz "a joué un rôle historique et important dans l'évolution du récit égyptien, sans oublier la valeur pure et absolue de ses écrits". Aussi Nada Tomiche, annonce-t-elle que Naguib Mahfouz "est le chef de file du récit contemporain, porte-drapeau depuis un quart de siècle [depuis 1956] des nouvelles vagues littéraires successives". Reconnaissant son talent, l'État égyptien lui a rendu hommage lors de son décès en 2006, décrétant à sa télévision officielle de retransmettre en direct ses funérailles militaires. De plus, l'Université Américaine commença en 1993, à organiser une compétition annuelle pour le meilleur roman arabe dont le prixporte le nom de Naguib Mahfouz.