Tout d’abord, le français répondait à un besoin social de modernité en Egypte. On considérait que seul l'emploi d'une langue occidentale peut permettre une évolution, qui se poursuivra dans un second temps par la modernisation de la langue autochtone. On date la naissance de la Francophonie en Egypte vers 1850 quand les missionnaires catholiques français commencent à s'installer en Egypte. Mais les mots français employés dans le dialecte égyptien existaient bien avant.
Le premier apport français à la langue populaire en Egypte date du temps des croisades entre 1217 et 1249 mais augmentera lors de l’expédition de Bonaparte en Egypte (1798-1801). Les savants et techniciens français sous le règne de Mohamed Ali réformeront l’industrie, l’agriculture et la planification urbaine. C’est avec la réalisation du percement du Canal de Suez, à partir de 1859 qui en large mesure aide à l’introduction de plusieurs mots dans le vocabulaire populaire égyptien.
On retrouve plusieurs mots d’origine française dans plusieurs domaines, des mots franco-arabes. En voilà quelques mots à titre d’exemple :
Automobile : baladeuse = balaboz, échappement = chakman, marche arrière = marchadere, pare-brise = barabrize. D’autres mots sont passés tels quels : jante, débrayage, bougie etc.
Alimentation : marmiton = marmatone, pané = bané, vol-au-vent = Folovent. D’autres mots sont passés tels quels : filet, escalope, consommé etc.
Ameublement : canapé = kanaba, placage =ablacage, dressoir = délessoir. D’autres mots sont passés tels quels : fer forgé, tabouret etc.
Bijouterie : pendentif = bantandif, initiale = ensial. D’autres mots sont passés tels quels et forment la majorité du langage des orfèvres.
Coiffure : presque tous les mots sont demeurés tels quels, bouclé, frisé, mise en plis, pédicure, manucure, maquillage etc.
Couture : presque tous les mots sont demeurés tels quels : écharpe, double cloche, gilet, taille basse etc.
Électricité : presque tous les mots sont demeurés tels quels : boîte, coffret, abat-joura, lamba, prisa etc.
De nos jours, on connaît un genre de déclin du français en Egypte. En fait, le déclin a commencé très tôt, dès les années 30, à cause de la concurrence anglaise et l’emploi de la langue nationale. Mais, aujourd’hui, il s’aggrave de plus en plus. Les conséquences ne consistent pas seulement à ce que les parents d’élèves préfèrent les inscrire dans des écoles anglophones, mais aussi à ce que les mots français qui existent dans le dialecte égyptien commencent à disparaître en faveur de l’anglais, qui devient à son tour la langue de l’élite. Par exemple : le mot « piscine » disparaît petit à petit en faveur de « pool », le mot « rouge à joue » est remplacé par « blusher », etc…
Enfin, j’essaye de mettre en lumière un fait que j’ai observé. Je ne cherche point à dévaloriser la langue française, ni à lui restituer son glamour.