Dès que le film en langue chinoise « The farewell » (le mariage d’adieu) commence, une phrase apparaît sur l’écran affirmant que « le film est basé sur un mensonge réel », un beau jeu de mots. En fait, les principaux personnages n’arrêtent pas de dire des mensonges tout au long du film. Des mensonges à motifs nobles, cacher la gravité de la maladie de la grand-mère ou NaiNai (en mandarin), atteinte d’un cancer du poumon à un stade avancé. Toute la famille dispersée aux Etats-Unis et au Japon retourne en Chine le pays natal où vit la grand-mère, pour être à ses côtés, d’autant qu’elle n’a que quelques mois à vivre selon les médecins. Ces retrouvailles familiales ont comme prétexte le mariage du petit-fils de NaiNai. Dès ce moment, tout le monde essaye de feindre le bonheur afin de la soutenir et la rendre heureuse.
Le film compare entre le style de vie et la culture aux Etats-Unis, pays d’études et de gagne-pain des personnages du film, et en Chine ce pays où l’individu fait partie d’un tout, où existent la chaleur humaine et les liens étroits entre les membres de la famille.
Lulu Wang, la metteuse en scène sino-américaine s’est dite inspirée de la maladie de sa propre grand-mère dans la réalisation du film. Elle dit à ce propos : « J'ai toujours senti le clivage entre mes relations avec ma famille et mes relations avec mes camarades de classe, mes collègues et le monde dans lequel j'habite. C'est la nature même d'un immigrant à cheval entre deux cultures ». Dans ce sens, la métaphore des oiseaux qui s’envolent librement à la recherche de la nourriture, puis retournent à leurs nids, consiste une composante essentielle du film.
Par ailleurs, celui-ci soulève une question importante : Est-ce éthique de mentir à un malade d’une maladie mortelle sur son état de santé ou vaut-il mieux lui cacher la réalité ? Le film répond à cette question implicitement, puisqu’il nous révèle que la grand-mère a vécu 6 ans après sa maladie grâce à la technique du mensonge. On nous dit que « ce n’est pas le cancer qui tue, c’est plutôt la peur qui tue ».
C’est un film plein d’émotions, au goût très raffiné, simple et qui va droit au cœur. Une comédie dramatique, libellé « américain », mais dont les acteurs ont des traits asiatiques. Franchement, j’ai rêvassé durant le film, me souvenant de ma propre grand-mère - que son âme repose en paix - qui souffrait du cancer du foie, me blâmant de n’avoir pas été à ses côtés durant ses derniers jours. L’image de la maison de mes grands-parents ne m’a pas quittée tout au long du film. Celui-ci contient des idées antagonistes : L’unité familiale contre l’indépendance et l’individualisme, l’éthique contre le mensonge et la manipulation. Mais, ils ne sont pas forcément contraires, puisqu’il y a toujours des exceptions.