A travers le film « Dogman », réalisé par l’Italien Matteo Garrone, et projeté actuellement au cinéma Zawya, on atteste à la transformation substantielle de Marcello, un toiletteur de chiens et le protagoniste principal, interprété par Marcello Fonte, un rôle qui lui a valu un prix à Cannes, d’un homme gentil et inoffensif qui subit passivement les ordres et les coups de Simoncino, une brute toxicomane qui terrorise le quartier, à quelqu’un d’extrêmement violent, voire un meurtrier.
On ne peut négliger l’antagonisme corporel entre les deux personnages, Marcello et Simoncino : l’un est frêle et petit, et l’autre est grand et musculeux ; mais il y a aussi les caractères des deux personnages qui mettent en relief cet antagonisme.
La scène d’ouverture est celle où Marcello, dans son cabinet, est en train de toiletter un chien violent, il arrive à exécuter sa tache grâce à sa finesse. On se souvient de cette scène vers la fin, quand Marcello essaye de contrôler Simoncino en moyennant sa ruse ; il le traite comme l’un de ses chiens.
On se déplace avec beaucoup de fluidité entre l’espace ouvert, le quartier, dont on a une vue panoramique qui reflète la désolation, comme s’il était ravagé par la guerre, et l’espace fermé, le cabinet de travail, dans lequel s’isole Marcello avec ses chiens, eux-mêmes enfermés dans leurs cages.
Un isolement d’ailleurs plus accentué après la rupture imposée par les hommes du village.
Marcello n’est pas totalement innocent dès le début. En plus qu’il est dealer de drogue, il devient le complice de Simoncino dans ses maints cambriolages.
Mais en même temps, la bonté de son cœur l’emporte parfois, pour sauver un chien que Simoncino met dans le congélateur.
Des interminables rapprochements et éloignements entre les deux antagonistes, où Marcello a parfois le courage de dire non à son compagnon, un non, pourtant, timide.
La seule source de lumière dans la vie de Marcello, c’est sa fille. A chaque fois qu’elle apparait, de la lumière est projetée sur l’écran.
Il imagine de faire avec elle des excursions paradisiaques aux Maldives ou à la mer rouge. De l’amour, on passe à la violence et à la haine.
Des longs moments de silence imprègnent le film. Un silence qui nous donne un temps à y réfléchir.
Un silence qui nous rappelle les films français et la citation de Blaise Pascal : « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ». Ce n’est pas seulement la solitude, mais la crainte que le monstre dans chacun de nous ne peut apparaitre subitement.