A peine j’ai mis le pied dans le taxi, mentionnant ma destination au chauffeur, il a aussitôt rétorqué : «Chellah ya Sayeda Nafissa» (Donnez-nous un peu de votre grâce pour l’amour de Dieu, oh Sayeda Naffissa), et a ajouté, s’adressant à moi cette fois-ci : « Prie, là-bas, pour nous et pour tous les souffrants ». En fait, j’ai pris cette décision de visiter la mosquée de Sayeda Nafissa un peu dans l’esprit d’un touriste qui veut faire une expérience nouvelle et qui ne croit pas aux superstitions. Je voulais surtout voir les préparatifs de son mouled qui aura lieu demain. C’est une mosquée comme les autres, me suis dit-je ; le petit peuple lui donne une valeur importante parce qu’il vénère tous les descendants du prophète Mohammed, dont cette femme, Sayeda Nafissa, fait partie. Avant d’aller à la mosquée, j’ai beaucoup entendu parler de celle qui lui a donné son nom, de « ses secrets (miracles) à effet grandiose », et de son érudition, au point d’être nommée « Nafissat Al-Oloum » (celle qui possède des sciences précieuses) ; elle est connue, d’ailleurs, pour avoir la capacité de soulager les peines. Pourtant, j’y suis allée en ne portant aucun jugement, qu’il soit positif ou négatif. Quand je suis arrivée, j’ai vu des tentes installées, prêtes à recevoir « les visiteurs » qui mangeraient, et dont l’âme se reposerait au souvenir de Dieu. Ensuite, j’ai trouvé une femme qui vendait des fleurs. Je me suis approchée d’elle en lui demandant si ces fleurs ont une relation avec le mausolée de Sayeda Nafissa, près de la mosquée. Elle m’a répondu que oui, « Tu mets ces fleurs entre les barreaux du mausolée et tu pries Dieu, et tout ce que tu veux se réalisera ».