Les opposants du film « l’invité » (El- Deif) sont divisés en deux camps : D’une part, les cheikhs qui s’opposent à certaines idées du film notamment la non-obligation religieuse du voile islamique ainsi que la mauvaise prononciation de certains versets ; d’autre part les critiques cinématographiques qui dénoncent un film qui discute plutôt des idées qui peuvent être élaborées dans un article de presse au lieu de compter sur le langage des images. Mais en fait, ce qui m’a plu c’est que les cheikhs ont loué le film en donnant calmement leur opinion sans avoir recours aux paroles offensives.
« L’invité » est le deuxième film écrit par le journaliste et écrivain Ibrahim Issa, qui a déjà créé des controverses lors de la projection de son premier film « Mawlana » ou (le cheikh), qui a réalisé un grand succès. « L’invité » est mis en scène par Hadi El-Bagouri, et interprété par Khaled El-Sawy, Ahmed Malek, Sherine Reda et Gamila Awad ; respectivement : Yéhia, Ossama, Marlyn et Farida. Ce sont les personnages principaux du film dont la majorité des scènes sont tournés dans la maison de Yehia El Tigani, le penseur qui est poursuivi en justice à cause de ses idées « éclairantes », selon lui, sur l’Islam, mais que l’Etat considère comme « méprisantes » à l’égard de cette religion.
Dans le pré-générique, nous trouvons Yéhia El-Tigani, pointant un pistolet sur sa tête dans une tentative de suicide, en ravalant, devant la caméra, toutes ses paroles et tous ses écrits. L’histoire nous mène vers la partie essentielle où Farida, la fille unique de Yéhia, a invité un ami, un prétendant en fait, pour un dîner avec sa famille, avec lequel Yéhia a eu des conversations torrides autour d’un nombre de questions religieuses épineuses.
En fait, le cinéma avait déjà abordé l’histoire de l’invité au diner plusieurs fois comme dans « Guess who is coming to dinner » de l’acteur Sidney Poitier, produit en 1967, où les évènements se déroulent dans un seul endroit, autour d’une fille libérale qui tombe amoureuse d’un homme noir, et après des discussions avec sa famille qui s’oppose à son choix, elle parvient enfin à les convaincre. Un autre film qui reprend le même thème s’appelle « The guest », produit en 2014, et tourne autour d’un soldat qui vient visiter la famille d’un autre soldat décédé dans la guerre d’Afghanistan, et prétend être son ami.
Le fait que « l’invité » d’El-Bagouri se passe dans un seul endroit et que les personnages sont peu nombreux représente un défi, mais que le scénariste et le metteur en scène ont su surmonter, en tenant le suspense jusqu’au bout, bien que le film soit bâti sur un débat culturel. En effet, il est bénéfique d’écouter l’opinion des autres, en débattant leurs idées, au lieu de recourir à la violence, tout en maintenant la liberté d’expression, ce qui crée un environnement sain.