Les obélisques sont devenus très rares en Egypte

Jeudi 19 Avril 2018-00:00:00
' Père Gérard Viaud

Les touristes venant en Egypte sont souvent avides d'admirer les obélisques. Mais ils sont devenus rares. Ils en ont vu place de la Concorde à Paris, à Londres, à New York, à Istanbul et à Rome... Au Caire ils en verront deux seulement, l'un devant l'aéroport international et dans les jardins du Guézireh, tous les deux en provenance de Tanis dans le Delta oriental, et quelques uns à Louxor.

Pendant des siècles, les “Aiguilles de Cléopâtre” se dressèrent fièrement dans le ciel d’Alexandrie. L’une de ces Aiguilles resta debout jusqu’à son départ pour l’Occident tandis que l’autre gisait sur le sable de la grève du Port-Est jusqu’en 1877 quand elle fut embarquée à son tour.

En 1820, Mohamed Ali avait donné un de ces deux obélisques à l’Angleterre, mais il resta sur place pendant longtemps. En 1877, l’ingénieur anglais John Dixon prit la direction des opérations pour l’expédier en Angleterre, tandis que des Américains se chargeaient de l’autre. Ainsi, depuis 1877, les deux “Aiguilles de Cléopâtre “ se trouvent à Londres et à New York.

Ces deux obélisques portaient les cartouches de Thoutmôsis III de la XVIIIème dynastie, de Ramsès II de la XIXème et de Séthi 1er également de la XIXème dynastie. Ces deux obélisques, en provenance d’Héliopolis, avaient été dressés par la reine Cléopâtre devant le Cesareum, un temple qui s’appelait encore Sebasteum. L’historien romain Pline nota, lors de son passage à Alexandrie, que ces deux obélisques se trouvaient devant le temple de César et ils mesuraient 42 coudées de hauteur, en fait 21 mètres.

Ce temple du Cesareum fut achevé sus le règne de l’empereur romain Tibère. Il était tellement grand et haut que les navigateurs venant vers Alexandrie l’apercevaient de très loin.

Au IVème siècle, ce temple fut transformé en cathédrale chrétienne mais il fut brûlé et détruit par l’empereur romain Julien l’Apostat en 362, mais les deux obélisques restèrent sur place.

Le 3 juillet 1868, lors d’une séance de l’Institut égyptien à Alexandrie, son président, Paolo Collucci, avait suggéré d’encadrer la future statue équestre de Mohamed Ali sur la place des Consuls par les deux obélisques appelés “Aiguilles de Cléopâtre”, mais ces deux obélisques avaient été donnés à l’Angleterre et aux Etats-Unis. Alors naquit cette idée des quatre lions qui furent commandés au sculpteur français Jacquemart.

Les célèbres lions du Caire du pont de Qasr El-Nil furent placés aux deux extrémités du pont par l’ingénieur français Linant de Bellefonds en 1872 les quatre lions qui avaient été tout d’abord destinés à encadrer la statue de Mohamed Ali à Alexandrie.

La statue équestre de Mohamed Ali et les quatre lions arrivèrent à Alexandrie le 2 juillet 1872 et ces derniers prirent la direction du Caire où il furent placés aux extrémités du nouveau pont de Qasr El-Nil par l’ingénieur Linant de Bellefonds.

L'un des plus célèbres obélisques égyptiens à l'étranger est celui de la place de la Concorde à Paris où il se dresse depuis 1832.

Le monolithe de Louxor mesurait exactement 22 mètres 84 de hauteur. Sa section droite à la base représentait un rectangle ayant 2 mètres 40 sur 1 mètre 58 de côté, avec un volume de 85 mètres cubes et un poids de 229.500 kilos.

Au soir du 30 octobre 1831, sans accrocs, le colosse toucha la terre aux cris de joie de tous les spectateurs qui étaient venus nombreux de tous les coins d’Egypte.

Quelques heures avaient suffi à l'ingénieur Lebas et aux marins de M. de Verninac pour coucher à terre les 230.000 kilos de l’obélisque.

Le 1er avril 1833, le “Sphinx” remorquant le “Louxor” avec à son bord l'obélisque de Louxor prit la mer. Le 5 mai, les deux navires franchissaient le détroit de Messine et le 10 ils arrivaient à Toulon. Le 12 août 1833 les ancres tombaient dans la rade de Cherbourg. Puis ce fut Rouen et la remontée de la Seine jusqu’à Paris où le “Louxor” s’amarra devant la Chambre des députés en plein coeur de la capitale.

Le 25 octobre 1836, l’ingénieur Lebas achevait son oeuvre en dressant l’obélisque au milieu de la place de la Concorde, en présence du roi Louis-Philippe qui observait l’opération depuis le balcon du ministère de la marine et devant une foule immense.

En récompense de ses services exceptionnels, l’ingénieur Lebas fut promu, l’année même, conservateur du Musée de la marine qui venait d’être fondé. Il occupa cette fonction jusqu’à sa mort.

Le roi de France Louis-Philippe, pour remercier le souverain d'Egypte Mohamed Ali, donna une horloge qui fut placée à la Citadelle du Caire. Mais cette horloge n'a jamais fonctionné.