L’art ancien de la céramique subsiste toujours en Egypte (1)

Samedi 01 Décembre 2018-00:00:00
' Père Gérard Viaud

Parmi les anciennes traditions artisanales et artistiques qui subsistent toujours en Egypte, celle de la céramique tient une place toute particulière et fait partie du patrimoine légué par l’Egypte pharaonique. La céramique est vieille comme l’Egypte où elle est née et ses progrès à travers l’histoire sont le témoin inaltérable des progrès intellectuels et matériels de l’humanité.

L’Egypte, depuis des temps très anciens, produisait des poteries mates, lustrées, à glaçures colorées, révélant une technique habile qui se retrouva, par la suite, chez les Chaldéens, les Assyriens et les Perses.

Ces poteries en céramique produites en Egypte se classaient en deux catégories selon la nature de la pâte cuite: les poteries poreuses et les récipients imperméables. Les bases de ces pâtes de céramiques étaient composées d’argile le plus pur possible avec des éléments de dégraissage comme le sable, le quartz, le feldspath et la craie. Ces deux derniers éléments fondaient à haute température et provoquaient la vitrification des pâtes. Tous ces produits, mélangés avec de l’eau, étaient délayés et malaxés dans de grands récipients de pierre, sortes de mortiers. La pâte relativement liquide était ensuite coulée dans des moules et les pièces ainsi façonnées étaient introduites dans des fours. Le décor de ces pièces ainsi obtenues se faisait par la suite avec des couleurs provenant du cuivre pour le vert, de la turquoise pour le bleu, du manganèse pour les violets, du corail pour le rose, de l’or, etc...

En Egypte, le vase Canope pour conserver les parties viscérales de la momie ou les statuettes Tanagra d’Alexandrie sont des exemples de ces céramiques.

Cet art de la céramique n’a jamais cessé d’exister à travers les différentes époques de l’histoire égyptienne et il suffit de visiter le Musée des antiquités égyptiennes, le Musée copte, le Musée d’art islamique ou le Musée gréco-romain pour se rendre compte de la richesse et de la beauté de ces céramiques.

Cet art a subsisté jusqu’à nos jours, mais avec des méthodes très perfectionnées en plusieurs usines dont j’ai visité l’une d’elles. Cette usine avait été créée en 1989 sur une superficie de 80.000 mètres carrés. Elle produit actuellement 9.000 mètres carrés de céramiques par jour et cette quantité sera portée à 20.000 mètres carrés. Cette usine, entre la direction, l’administration, les ingénieurs et les ouvriers emploie 400 personnes. Une partie de la production est écoulée en Egypte en de nombreux points de vente ou à des particuliers et une autre partie est exportée vers les pays étrangers. Cette usine travaille vingt quatre heures sur vingt quatre avec trois équipes à raison de 8 heures de travail quotidien. Visiter une telle usine, depuis les produits de base jusqu’à la finition des carreaux en céramique, est impressionnant. Reçu par le directeur de l’usine, l’ingénieur Sayed Essa, il me confia à l’ingénieur Amir pour cette visite. Les produits de base sont le tafla d’Assouan, le feldspath, le limestone (calcaire ou pierre à chaux) et le sand, du sable pour verre en provenance de la mer Rouge.