Arrivée de la route du rhum

Dimanche 25 Novembre 2018-00:00:00
' Michèle Foulain

Quand les bateaux ont quitté la baie de Saint-Malo, le 04 novembre dernier, nous savions que la course serait difficile, en raison des conditions de la météo. La dépression rencontrée dans le golfe de Gascogne a mis à mal nos aventuriers des mers et cassé de nombreux bateaux. 

Certains ont décidé de se mettre à l'abri pour attendre la fin de l'orage, d'autres font des réparations de fortune sur les embarcations endommagées, et affrontent une mer capricieuse et cruelle. 

Un skipper ne se contente pas de barrer son bateau, il doit aussi savoir parer à tous les inattendus, et sur une course aussi difficile, les ennuis volent en escadrille. 

Grâce à une application sur le portable, nous pouvons suivre la progression de nos marins, les malouins donnent le meilleur d'eux mêmes, Maxime Sorel a connu quelques avaries qu'il surmonte avec courage, ses diverses réparations semblent vouloir tenir, provisoirement.

Bob Escoffier vieux briscard des mers, s'il en est, préfère se résoudre à l'abandon, sage décision, sans doute. 

Gilles Lamiré est toujours dans la course, ainsi que Nils Boyer. 

Ceux qui sont obligés de renoncer n'ont en rien démérité, les conditions cette année sont vraiment extrêmes, et bien que ces marins soient nantis d'une force mentale et physique hors du commun, à l'impossible nul n'est tenu...

A la maison, nous vivons au rythme de la route du Rhum, à l’affût des vacations nous donnant des nouvelles de nos amis. 

Quand on vit au plus près de la mer, on a aucun mal à imaginer ses colères, ses caprices...Et dans le golfe de Gascogne, elle s'acharne sur les bateaux rapides mais légers !

Quelques heures seulement après avoir savouré la remontée à la sixième place de Maxime Sorel, la nouvelle tombe comme un couperet : Dans la catégorie class 40 le V et B a démâté ... cette fois, c'est fini pour le jeune skipper malouin, un cargo portugais se déroute pour se porter à son secours ...la tristesse de Maxime est un peu la nôtre, mais comment lutter contre une mer croisée et creuse, et des vagues de plus de 3 mètres. 

Au fur et à mesure de la course, il semble que le vainqueur désigné sera François Gabart, Macif son multicoques ne devrait plus être distancé, même si Francis Joyon sur Idec ne lâche rien. 

L'affaire paraît pliée et les médias avancent déjà le nom du vainqueur de la route du Rhum. 

Mais les pronostics restent en suspend, la vitesse de Macif est moins rapide, et bien sûr Francis Joyon profite de cet avantage inespéré. 

Mais que se passe t'il ? 

Macif connait à son tour quelques problèmes, il a perdu son foil droit et un safran.. Son avance n'est plus qu'à trois milles, puis à 15... 

Et si Francis Joyon du haut de ses 62 printemps renversait la situation ? 

A un moment donné, alors qu'au loin les côtes de la Guadeloupe apparaissent, les deux embarcations sont pratiquement bord à bord, à 3 nœuds de moyenne. 

Cette fin de course nous tient en haleine... 

Et à la surprise générale, Francis Joyon passe la bouée en forme de bouteille de rhum, dans la baie de Basse-Terre. Il remporte cette onzième édition de la route du Rhum en 7 jours 14 h 21 mn améliorant ainsi le record de Loick Peyron de 2014 de 7 mn !

Un immense Bravo à lui !

Tous les marins qui continuent d'accoster à la Guadeloupe sont aussi des vainqueurs, ils ont remporté une victoire sur eux-mêmes et sur cette mer cruelle que pourtant, ils aiment tant. 

Rendez-vous en novembre 2022 pour la douzième édition de la route du Rhum !