Les plages de Ras El-Barr, de Gamasa et de Baltim

Jeudi 26 Juillet 2018-00:00:00
' Père Gérard Viaud

Entre Damiette et Alexandrie dans le nord du Delta du Nil plusieurs plages voient chaque année l'afflux d'estivants venus d'un peu partout en Egypte. Ce sont les plages de Ras El-Barr, de Gamasa et de  Baltim. Jadis c'étaient des stations balnéaires à la mode, mais elles sont devenues populaires et accessibles à tout le monde et à la portée de toutes les bourses.

Ces trois plages de Ras El-Barr, de Gamasa et de Baltim s'étirent paresseusement sur les rives de la Méditerranée avec leurs sables fins. De belles villas ont remplacé les cabanons d'autrefois. Ces trois plages ont vu le jour pendant les belles années des XIXème et XXème siècles.

A environ 13 kilomètres au nord-ouest de Damiette se trouve la station balnéaire de Ras El-Barr créée en 1895 sur une langue de sable entre le Nil et la Méditerranée et de l’autre côté du Nil le port de Ezbet El-Bourg.

C’est toujours un plaisir de se promener en bordure du Nil à Ras El-Barr le long des jardins qui se trouvent près de la grande rue du Nil. Au fur et à mesure que le promeneur s’avance, il découvre l’embouchure du fleuve, là où les eaux du Nil viennent se mélanger à celles de la Méditerranée. De l’autre côté du fleuve c’est le gros village de Ezbet El-Bourg, un village de pêcheurs dont les bateaux et les barques sont ancrés dans le fleuve lui-même. C’est un beau spectacle que de voir cette flotte dont les immenses filets sont tendus entre les mâts. Si la modernisation a supprimé les voiles, avec la mise en place de moteurs, il n’en reste pas moins que ces ensembles de mâtures se détachant dans un ciel bleu est intéressant à voir.

Tout l’ensemble de Ras El-Barr est magnifique et il faut encore signaler que le marché qui se trouvent près de la grande mosquée centrale, est très pittoresque avec ses boutiques de marchands de poissons, ses restaurants, ses patisseries et  ses échoppes d’articles pour la plage.

Le visiteur peut ainsi se rendre à l’extrémité de cette langue de terre, là où se dresse le phare pour indiquer aux navigateurs l’entrée du fleuve. C’est le paradis des pêcheurs à la ligne qui passent leur temps à lancer leurs cannes à pêche en attendant anxieusement leurs prises qui sont nombreuses tant cette embouchure du Nil est poissonneuse. De l’extrémité de cette digue où se trouve le phare, le visiteur peut découvrir toute la plage de Ras El-Barr bordée de parasols le long du rivage de couleur noire où viennent mourir les vagues.

Il y a cent ans, le journal “La Réforme” d’Alexandrie avait présenté ainsi Ras El-Barr en 1897: “La nouvelle station balnéaire de Ras El-Barr est en plein réaménagement pour la prochaine saison estivale. C’est encore une villégiature modeste et tranquille enserrée entre les flots bleus de la Méditerranée et les ondes perlées du Nil. C’est le commencement ou la fin du Delta dont, en hiver, une grande partie est submergée par les eaux qui charrient, sur leur passage, tout vestige des villégiaturistes de la saison d’été. C’est donc un séjour sain et agréable. Rien du prétentieux apparat du San Stefano d’Alexandrie. Il n’y a point encore de lumière électrique et de gaz. Ce n’est ni en smoking, ni en toilette chatoyante que l’on prend ses repas dans cette retraite paisible; il y règne une simplicité que l’on ne trouve guère sur les autres plages et la vie qu’on y mène est affranchie de toue prétention et de toute convoitise. Les habitations qui sont aménagées actuellement à Ras El-Barr sont des kiosques en bois ou des baraques en nattes, solidement conditionnées. Toutes ces maisonnettes se touchent les unes aux autres et sont organisées, soit le jour, soit dans la soirée, des réunions auxquelles président toujours la gaieté d’une franche camaraderie”.

Gamasa, une station balnéaire des rives de la Méditerranée dans le nord du Delta du Nil entre la branche de Damiette et le lac Burullos est très fréquentée pendant les mois d'été.

Sa population hivernale est infime: des pêcheurs, des gardiens de villas et quelques commerçants.

Gamasa reprend vie chaque année à l'approche de l'été.

Gamasa, selon les autochtones, est un nom qui se perd dans la nuit des temps, il est très ancien. Il signifierait, d'après eux, le "ramenage" sur la terre ferme de tout ce qui contient la mer, car la pêche est d'une grande importance.

En effet de nombreux poissons sont ramenés chaque jour à terre par les artisans de la mer. Ils ont nom de bouri, de bolti, de barboni, auxquels viennent s'ajouter les différentes espèces de crevettes, les crabes et les araignées.

Depuis le début du XIXème siècle, Gamasa est une station balnéaire réputée. Elle était très prisée par les habitants du Caire qui y venaient aussi faire la chasse aux oiseaux sauvages, tels les canards, qui peuplent les dunes et les marécages en bordure de la mer.

L'entrée de la station balnéaire de Gamasa est magistrale et très belle avec ses arbres savamment taillés et ses villas entourées de jardins témoignant de la prospérité de ce lieu d'élection.

Gamasa n'avait d'autre rivale dans la région que Ras El-Barr entre le Nil et la mer. Mais le temps ont changé et Gamasa est devenue une station balnéaire  populaire  en plus bon marché que ses rivales méditerranéennes.

Pourtant une très belle corniche longe la très longue plage peuplée de parasols pendant la saison estivale.

Le village, ou plus exactement le centre commercial, présente de nombreuses échoppes où l'estivant peut se ravitailler. Les restaurants et les cafés sont nombreux.

Si Gamasa  a perdu maintenant ses fastes d'antan, elle est tout de même une station balnéaire très prisée par les Egyptiens et il y fait bon vivre pendant ces mois d'été en bordure de la mer.

Coincée entre la mer Méditerranée et le lac Burullos, la station balnéaire de Baltim dans le centre nord du Delta du Nil attire toujours de nombreux estivants.

Plage à la mode à la fin du XIXème siècle et pendant le XXème, elle est devenue populaire à la suite de la désertion par le monde chique cairote préférant les nouvelles plages du littoral nord à l'ouest d'Alexandrie ou de la mer Rouge.

La station balnéaire de Baltim est pourtant pleine de charmes. On y arrive depuis la grosse bourgade du même nom s'étirant toute en longueur le long du lac Burullos envahi par les joncs et les roseaux en ce lieu.

Quelques mats de bateaux de pêcheurs surgissent au-dessus de la nature aquatique sauvage.

Baltim est encerclée  par une belle palmeraie et une chaîne de dunes de sable surplombe les plages.

Au centre de la station balnéaire, dominant un  superbe poisson symbole de Baltim, une grande fresque murale souhaite la bienvenue aux visiteurs  et un agréable séjour.

Les poissons de toutes sortes sont une des richesses de cette région de Baltim avec ceux de la Méditerranée et du lac Burullos.

Mais les zones de pisciculture se sont développées. Cette récente industrie poissonnière, si elle fait la richesse de leurs propriétaires souvent terriens, a fortement nuit aux pêcheurs traditionnels de ce lac. De plus ces artisans de la mer ont connu des mesures restrictives dans leurs procédés de pêche. Par exemple la pêche au "triangle" a  été interdite depuis plusieurs années, seuls les filets ordinaires étant autorisés au grand mécontentement de  ces pêcheurs qui voient d'un très mauvais oeil les fermes piscicoles voisines.