La conscience politique des anciens Egyptiens

Jeudi 05 Juillet 2018-00:00:00
' Magdi Chaker

Tout d’abord, la prise de conscience est la perception et la maturité politique de la présidence.

Beaucoup de gens font des erreurs en croyant que les anciens Egyptiens n'avaient pas de prise de conscience politique, qu’ils ont été gouvernés par la sainte règle seulement et que le roi faisait ce qu'il voulait pour ce qui lui semblait bon quand il voulait.  Si bien que beaucoup, quand ils voient les Pyramides, par exemple, disent qu’elles ont été construites par un travail forcé et ne se rendent pas compte que ce genre de travail ne peut pas continuer un tel ouvrage sidéral de génie en permanence. Comment aurait-il été possible de convaincre cent mille travailleurspour vingt ans seulement s'il n’y avait pas une prise de conscience et une conviction de l'importance de ce projet national ?

Bien que la société égyptienne fût composée de trois classes, elle n'a pas été engagée à l'héritage des enfants, mais en cas de disponibilité de toutes les capacités de la personne et des compétences pour qu'elle soit qualifiée pour prendre en charge le poste le plus élevé de sa classe, cela lui était accordé, dans le cadre de ce qui était connu comme étant la mobilité sociale. Cependant, la pensée religieuse avait un rôle important dans la présence de la conscience politique parce que les dieux accordaient la vie à tous les êtres humains et leur civilisation était fondée sur la base du «Maat», qui est le droit, l'égalité et la justice et que toute perturbation de ce système provoquerait le déséquilibre de tout l'univers et le roi était alors tenu à protéger, à réaliser et à sauvegarder ce système.

Les Egyptiens ont été les premiers à mettre en place l'Etat central, les premiers à avoir créé un gouvernement et les premiers à s’être révoltés contre lui. Leur conscience politique était un modèle à tous les âges, même leurs révolutions modernes étaient le résultat naturel de la prise de conscience résultant du cumul politique et à la suite d'une expérience considérable dans le traitement de la gouvernance, où ils ont pu distinguer facilement entre la bonne et la mauvaise gouvernance. Leur expression de rejet et de protestation variait entre caricatures et blagues que les petits-enfants ont héritées.

La connaissance des droits et des devoirs était un facteur important dans la formation de la conscience politique de l’ancien peuple égyptien en connaissant les obligations et en appelant aux droits. L'élément des coutumes et des traditions était une sorte de loi qu’il fallait respecter et être engagé à sa mise en œuvre. Ceci a contribué à la formation de la conscience politique et a donné aux conseils une grande importance. Le sage Ptah Hotep a dit à cet égard: «Si vous êtes un dirigeant responsable insistez à vous prêter au plaignant.»

La relation des gens avec le pouvoir en place n'était pas toute obéissance aveugle au roi en tant que fils du dieu ou dieu lui-même, mais une relation de respect mutuel et de demande de justice sous toutes ses formes, en particulier la justice sociale, où tout le monde est égal parce que tout le monde l’est devant le Créateur.

Aussi la foi religieuse a joué un rôle important dans la vie du peuple et a contribué à la formation de la conscience politique, où il a appris dans les textes sacrés que les dieux ont créé les cieux et la terre pour que les gens y vivent ensemble.

Le roi gouvernait par un mandat divin et était un médiateur entre les humains et les dieux. Il était illustré en train de creuser des canaux, ériger des ponts et distribuer la récolte au peuple. Il était en grand contact avec son peuple en leur apparaissant dans les fêtes et les célébrations et en écoutant les plaintes des personnes. Il prenait soin de leurs affaires et punissait son personnel s’il faillait à son devoir envers eux. Cela était un droit acquis du peuple par le dirigeant. Dans le cas où il faillait à ces tâches, les fils du peuple condamnaient son action et se révoltaient. Nous pouvons voir cela à la fin de l’ancien Etat quand les Egyptiens ont lancé une révolution globale pour que le roi dieu «descende de la perche» et permette sa critique. La gouvernance a ensuite subi une modification et la légitimité des dirigeants fut fondée sur la base du service du peuple, d'améliorer ses conditions et de mettre en œuvre des projets économiques gigantesques, comme la construction de barrages et le creusement des canaux. On peut voir tout cela dans l'Etat central. Les neuf plaintes de l'agriculteur éloquent montrent l'importance de la conscience politique de cette classe de paysans. Puis vint la deuxième ère intermédiaire où les dirigeants tiraient leur légitimité de l'expulsion des occupants Hyksos de l'Egypte.

Un grand nombre de personnes se sont alors jointes à l'armée et les rois ont commencé à promulguer des décrets, comme les lois de Horemheb. La propagande politique des rois a commencé à être lancée pour l’accès au trône, et ils l’ont prise comme stratagème afin de prendre le pouvoir. Vint ensuite l'Etat moderne et à la suite des conquêtes et la formation de l'empire beaucoup de prisonniers étrangers qui ont servi dans l'armée égyptienne ont pris des positions privilégiées au service de l'administration égyptienne et leur présence dans le système politique est devenue un fardeau pour l'Etat provoquant la haine du peuple contre leur présence. Le peuple a exprimé son rejet dans certaines scènes de croquis satiriques d'animaux avec des actions humaines qui est une forme de critique camouflée. Nous arrivons à la révolution des travailleurs de Deir El-Médina, où les travailleurs supervisaient la construction des tombes royales et comme résultat du retard des salaires une grande révolution a été déclenchée, conduisant au vol des tombes.