La prise de conscience chez les anciens Egyptiens

Jeudi 05 Avril 2018-00:00:00
' Magdi Chaker

Beaucoup de gens font des erreurs en croyant que les anciens Egyptiens n'avaient pas de prise de conscience de la politique, qu’ils ont été gouvernés selon la sainte règle seulement et que le roi faisait ce qu'il voulait à tout moment, si bien que beaucoup quand ils voient les Pyramides, par exemple, disent qu’elles ont été construites par un travail forcé et ne se rendent pas compte que le travail forcé ne peut pas accomplir le travail de génie en permanence. Sinon comment convaincre cent mille travailleurs travaillant pour vingt ans s'il n’y avait pas une prise de conscience de l'importance de ce projet national?

Bien que la société égyptienne soit composée de trois couches, elle n'a pas été engagée à l'héritage des enfants, mais si une personne possède toutes les capacités et les compétences pour être qualifiée afin de prendre en charge un poste plus élevé de sa classe, cela était possible dans le cadre de la mobilité sociale. Mais la pensée religieuse avait un rôle important dans la présence de la conscience politique parce que les dieux accordaient la vie à tous les êtres humains et la civilisation était fondée sur la base du «Maat», soit le droit, l'égalité et la justice et que toute perturbation entraîne le déséquilibre de tout l'univers et le roi est chargé de protéger, réaliser et sauvegarder cet équilibre.

Les Egyptiens ont été les premiers à mettre en place l'Etat central, les premiers à avoir créé le gouvernement et les premiers à s’être révoltés contre lui. Ils étaient le modèle de conscience politique à tous les âges, même les révolutions modernes étaient le résultat naturel de la prise de conscience résultant du cumul politique et à la suite d'une expérience considérable dans le traitement avec le dirigeant, où ils ont pu distinguer facilement entre la bonne et la mauvaisedécision et leur réaction variait entre le rejet et la protestation par des caricatures et des blagues par lesquelles les descendants ont été amenés à des révolutions.

La connaissance des droits et des devoirs est un facteur important dans la formation de la conscience politique de l’ancien peuple égyptien en connaissant ses devoirs et appelant à ses droits. L'élément des coutumes et des traditions était considéré comme une loi transmise à laquelle il est engagé à sa mise en œuvre, ce qui a contribué à la formation de la conscience politique et a accordé aux consultations une grande importance, d’où le sage Ptah Hotep a dit: «Si vous êtes un dirigeant responsable insistez à vous prêter au plaignant».

La relation du peuple avec le pouvoir en place n'était pas de nature d’une obéissance aveugle au roi comme fils du dieu ou dieu lui-même, mais une relation de respect mutuel et d’instauration de la justice sous toutes ses formes, en particulier la justice sociale, d’où l’égalité de tous parce que tous sont égaux devant le Créateur.

Ainsi la foi religieuse a joué un rôle important dans la vie du peuple et a contribué à la formation de la conscience politique, où il a été écrit dans les textes que les dieux ont créé les Cieux et la Terre pour qu’y vivent tous les gens.

Le roi gouvernait par un mandat médiateur divin entre les humains et les dieux. Il était illustré en train de creuser des canaux, de construire des ponts et de distribuer la récolte au peuple. Il était en étroit contact avec son peuple en se montrant à lui dans les fêtes et les célébrations et en écoutant les plaintes des personnes. Il prenait soin de leurs affaires et punissait son personnel qui faillait à son devoir. C’était un droit acquis du peuple de la régence. Dans le cas contraire, les fils du peuple condamnaient son action et déclenchaient la révolution, ce que l’on peut voir à la fin de l’ancien Etat quand l'état de la révolution complète a abaissé le roi dieu de sa perche et a permis sa critique après la modification qui a fondé sa légitimité sur la base du service du peuple et de l'amélioration de ses conditions à travers la mise en œuvre des projets économiques comme la construction des barrages et le creusement des canaux. Nous pouvons voir tout cela dans l'Etat intermédiaire où les neuf plaintes de l'agriculteur éloquent montrent l'importance de la conscience politique de cette classe de paysans. Puis vint l'ère de la deuxième époque intermédiaire où les dirigeants basent leur légitimité sur l'expulsion des occupants Hyksos de l'Egypte.

Ensuite est venu l'Etat moderne et à la suite des conquêtes et la formation de l'empire beaucoup de prisonniers étrangers ont servi dans l'armée égyptienne et ont occupé des positions spéciales étrangères au service de l'administration égyptienne, d’où leur présence dans le système politique est devenue un fardeau pour l'Etat provoquant la haine du peuple à l’égard de leur présence. Le peuple a exprimé son rejet dans certaines scènes de croquis satiriques d'animaux avec des actions humaines reflétant les images de la critique d’une façon indirecte. Nous arrivons à une révolution dans la cité des travailleurs qui supervisaient la construction des tombes royales et était le résultat du retard des salaires qui a donné lieu à une grande révolte ayant conduit au vol des tombes. La conscience politique s’est maintenue en dépit de l’occupation par de nombreux peuples jusqu'à la période gréco-romaine où l’empereur romain considérait que l'Egypte lui appartient directement. La conscience politique a poussé tous les dirigeants à penser mille fois avant de prendre la décision de se retirer.