Si l'on veut raconter l'histoire du peuple égyptien ou rédiger les débuts de cette nation, rien que naviguer dans trois mers fidèles aux secrets: les Pyramides, le Nil et bien évidemment la radio. La grandeur des Pyramides reste à jamais, ainsi que le Sphinx, de fidèles conteurs des événements datant des millénaires. Il en est de même pour le fleuve du Nil, aux longues artères qui portent dans ses replis le secret de la majesté de ce peuple. Pour boucler la boucle, citons enfin la radio, label d'un passé lointain et d'un présent riche en couleurs et en sonorité avec des émissions et des films, musique et chansons, dont l'effet ne s'oublie jamais. Ecouter la radio était depuis longtemps une habitude fort ancrée dans la culture de ce peuple.
Dans les années 60, personne ne peut nier le rôle efficace et important de la radio dans la documentation de l'histoire de la nation, avec ses moments de joie, et de peine, de victoire et de défaite, de liesse et de détresse. Elle était une source parfaite et authentique des nouvelles, tout en formulant l'opinion publique à travers une analyse méthodique et détaillée de ce qui se déroule en ce temps là. Reculons un peu dans le temps, environ 30 ans, la radio, avec ses émissions, ses programmes, ses feuilletons, ses personnalités, ses animateurs, avait un écho émerveillant. Qui de nous ne se rappelle pas les soirées agréables d'Oum Kalthoum, un rendez-vous inéluctable chaque 1er jeudi de chaque mois !
La radio demeure un outil pratique, simple et indispensable pour informer et divertir la population. Les habitudes d'écoute de la radio en Egypte ont marqué une période de vie des Egyptiens qui s'attachaient quasi-quotidiennement à certaines merveilleuses émissions de radio. Les gens se réveillaient le matin, prenaient leur petit-déjeuner et s'habillaient pour se préparer à se rendre au travail en écoutant, presque programmés, des émissions précises à des horaires fixes. Il s'agit notamment des émissions diffusées sur les deux stations "Al-Sharq Al-Awsat" (Radio Moyen-Orient) et "El-Bernameg El-Aam" qui est le programme général de la radio d'Etat. De bon matin, on écoutait des émissions sur "Radio Moyen-Orient" telles que "Je vous dis bonjour", une émission de variétés et d'informations légères et intéressantes, "Les portes du ciel" qui présentait aux auditeurs un sujet religieux de manière simple en quelques minutes. Il y avait aussi des programmes de radio "Fantastica", "Tante Sanaa" et "Oncle Hassan" pour enfants, et une émission de variétés légères, animée par la speakerine Inas Gohar s'intitulant "Tassali" (Amusement). Ces émissions faisaient réjouir les Egyptiens en début de journée avant de se rendre au travail. Au volant de leur voiture, les conducteurs s'intéressaient à l'époque à écouter les émissions "Que la sécurité t'accompagne" et "Que ton chemin soit en sécurité", deux émissions diffusées sur la station "El-Bernameg El-Aam" dont l'animatrice fut Ayat El-Hommossani. Ce programme donnait aux conducteurs de voiture des conseils et informations sur l'état de la circulation routière. Vers 08h30, beaucoup de gens attendaient d'écouter le célèbre acteur comique de théâtre et de cinéma, Fouad El-Mohandès, qui présenta pendant plus d'un an et quasi-quotidiennement l'émission de critique "Deux mots seulement". Les problèmes publics étaient aussi discutés dans un style de mélodrame à l'émission de radio "Un murmure de reproche" pendant laquelle était présent un responsable concerné qui réglait souvent les problèmes des citoyens, selon une page touristique sur Facebook.
Les soirées inéluctables de Thouma
Pas d'exagération en disant que tout le monde, à la maison, aux cafés, dans les rues se rassemblait autour des radios pour préparer la soirée de Thouma. Qui de nous ne commence pas sa journée en écoutant, avant de se mettre au volant, la voix rauque et sage de la star idyllique et du comédien éminent, Fouad El Mohandes en disant "Deux mots seulement". C'était une des émissions les plus écoutées de la radio égyptienne dans laquelle El Mohandes abordait un phénomène comportemental précis dans la société égyptienne traitant ainsi des maux sociaux et critiquant des coutumes stériles ancrées dans les têtes des Egyptiens. D'une voix ironique, El Mohandes terminait ses deux minutes, durée de l'émission, en disant "n'est-ce pas"?
Tableau de son animé !
Durant le mois sacré de Ramadan, la radio exerce un effet ensorcelant sur ses auditeurs. Quand l'image cède sa place au son expressif de Zouzou Nabil qui présente fawazir Alf Leila we Leila, "Les mille et une nuits". Un tableau pittoresque d'un monde bourré de toutes sortes de mystères. Un véritable voyage autant dans le temps que dans l'espace. Périple dans l'horizon des mythes, des fées, des sorcières dans l'imagination. Une histoire tout à fait loin de la logique avec ses contraintes et ses règles rigides, des rêves sur terre. Le sceau de Salomon, le tapis du vent, le périple des 7 pygmées. Toute une image sereine qui vous transporte dans un monde mythique et incroyable. Juste par sa voix et la virtuosité des effets musicaux qui excellent via les ondes de la radio à transmettre l'image parfaite. La radio est le média le plus utilisé dans le monde. Il est le support le plus consulté derrière la télévision. Comment les médias audiovisuels "traditionnels", en particulier la radio et la télévision linéaires, trouvent-ils leur place dans la société actuelle qui a développé des habitudes de consommation à la demande, et de quasi-immédiateté dans la transmission des informations ? Quels sont les atouts qu'ils peuvent mettre au service de la société ?
Émissions ramadanesques, souvenirs mémorables
Autant de questions qui s'invitent en sachant que le taux d’audience montre que la radio est très ancrée dans les habitudes des auditeurs. Elle est un « média de compagnie ». L’auditoire y cherche l’information et la musique. L’avantage majeur de la radio est sa diversité d’approche.
Le public peut intervenir directement dans les émissions, cela favorise le lien. Certaines émissions de la radio tentent de reproduire ce schéma en demandant aux auditeurs de participer en décelant l'énigme des fawazirs surtout pendant le mois de Ramadan durant lequel ce type d'émissions est en pleine vogue.
Enfin, la question de la voix est l’autre atout dont on parle moins, mais qui est déterminante selon moi. Certains timbres particuliers peuvent créer une attirance, renforcée par le mystère du visage que l’on ne voit pas. D’où l’attachement à un animateur, à une émission.