Le petit monastère de Tammou se trouve non loin de la route de la Haute-Egypte entre Guiza et le pont de Hélouan, sur la rive occidentale du Nil et en face de Méadi d’où on aperçoit le clocher du monastère.
L’embranchement de la route qui conduit au monastère se trouve au village d’Abou El-Namrous. Selon la plaque commémorative de l’inauguration du monastère en 1995, ce couvent aurait été édifié au premier siècle de notre ère, mais il est plus vraisemblable qu’il ait été construit au 4ème siècle comme les autres couvents de la région, ceux d’Adawiyeh à Méadi, de Qosseir à Toura et de Chahran près de Maassara au nord de Hélouan. Ces différents monastères sont liés à la présence de Moïse en Egypte, à sa naissance à Chahran et au jour où il fut sauvé des eaux par la fille du pharaon au petit monastère sur les rives du Nil à Méadi.
En 1909, selon Comanos pacha, l’ancien médecin des khédives, les ruines de l’ancien monastère étaient encore visibles.
Selon l’historien cairote El-Maqrizi dans son livre sur les couvents chrétiens (édité par L. Leroy dans le Revue de l’Orient chrétien en 1908), le monastère de Tammou, qu’il appelle Tamouïah, se trouvait sur les bords du Nil en face de Hélouan.
Le monastère s’élevait au-dessus du Nil, entouré de vignes, de jardins, de palmiers et d’autres arbres. Selon El-Maqrizi, c’était un lieu de villégiature très populeux avec une belle vue sur le Nil. Quand le sol environnant se recouvrait de végétation, le monastère se trouvait placé comme entre deux tapis de verdure. C’était un lieu de plaisance pour les habitants du Caire et une de leurs villégiatures les plus célèbres. Un poète du Caire, Ibn Abou ‘Assim, célébra le monastère de Tammou dans les vers suivants:
« Puissé-je boire à Tammou la merveilleuse liqueur qui couvre de confusion les vins de Hit et de ‘Anât! (deux villes renommées pour leurs vins sur l’Euphrate).
Sur des prairies aux fleurs éclatantes où coulent des ruisseaux au milieu des jardins. Les bouquets de jaunes anémones s’y succèdent comme des coupes remplies d’un vin coloré. Et le narcisse dont la jolie fleur semble un oeil qui cherche à faire par les signes une communication silencieuse.
Le Nil, quand le zéphyr caresse sa surface, semble revêtu d’une fine cotte de mailles. Lieux hospitaliers dont j’ai été épris, qui avaient été autrefois l’asile de mes plaisirs et mon refuge. Je n’ai jamais cessé de me trouver le matin au tintement des cloches, tant est grande mon affection pour le monastère.
Selon El-Maqrizi ce monastère, au XIVème siècle, était dédié à saint Georges et il était un lieu de grands rassemblements.
Ce monastère de Tammou est maintenant dédié à Saint Mercurios Abou Séfein, un Saint cavalier portant deux épées dont l’une lui fut remise par un ange. Mercurios était un soldat romain qui combattait les Perses. Ce fut pourquoi, selon une certaine tradition, que l’ange lui remit une seconde épée afin d’être plus efficace. Mais cette seconde épée fut plutôt un glaive spirituel qu’il troqua contre son arme de guerrier. Il fut martyrisé à Césarée où une église fut construite en son honneur. Mercurios Abou Séfein est célébré à l’Eglise copte le 25 hatour (4 décembre) et le 25 abib (1er août) qui est l’anniversaire de la consécration de son église à Fostat au sud du Caire.