Fayoum était à l’origine un immense lac, le Moeris, appelé par les Grecs « Limné » (le lac). Les Coptes le désignèrent sous le nom de « Phiom »(le lac) terme devenu en arabe « Fayoum ». C’est encore le lac Qaroun.L’histoire du Fayoum commença sous le règne du pharaon de la XIIème dynastie Sésostris II (1897-1878 avant Jésus-Christ). Ce pharaon commença par faire assécher une partie du lac. Pour irriguer les nouvelles terres, il fit creuser un canal pour amener les eaux du Nil, le Bahr Youssef. Certains attribuent ce canal au Joseph de la Bible.
Mais c’est à l’époque de la XVIème dynastie des rois Hyksos que Joseph fut vendu par ses frères et qu’il arriva en Egypte, c’est-à-dire vers 1630 avant Jésus-Christ (Genèse 37:38). Alors Jacob et ses fils « arrivèrent à la terre de Gessen et Joseph fit atteler son char et monta à la rencontre de son père Jacob en Gessen » (Genèse 46: 25-29).
Cette terre de Gessen s’étendait entre la ville de Tanis au nord et Bubaste au sud, et avait pour limites la branche « tanitique » du Nil à l’ouest et le désert oriental à l’est. Cette contrée était traversée en son milieu par la branche pélusiaque du Nil.
Le second successeur de Sésostris II, Amenemhat III (1842-1797 avant Jésus-Christ), poursuivit son œuvre. Il construisit son temple funéraire à Haouârah. Le nombre de ses salles et la complexité de son plan frappèrent l’imagination des Grecs. Ils appelèrent ce temple: le Labyrinthe.
Depuis cette époque, l’oasis de Fayoum n’a cessé d’être verdoyante et belle.
Trois mots en langue arabe: « fawaka », « zawaf» et « bokla » sont les symboles du « pays des roses ». Les auteurs anciens décrivent l’oasis de Fayoum comme une terre si verdoyante que le visiteur se croit en plein paradis terrestre. « Fawaka », ce sont le fruits, « Zawaf », ce sont les sources thermaleset l’eau de l’irrigation et « Bokla » c’est l’artisanat de la poterie très répandu à cette oasis d’Egypte.
Fayoum, c’est la terre des fruits « fawaka » dont les variétés sont nombreuses et la qualité excellente : manguiers d’introduction récente, orangers, citronniers, mandariniers, palmiers, auxquels il faut ajouter les vignes, les plantations de figuiers et d’oliviers.
Il y a aussi les fleurs, en particulier les roses qui ont donné leur nom à cette oasis. Les Fayoumites étaient experts dans la fabrication des parfums en extrayant une excellente huile odoriférante des pétales de roses.
Fayoum, c’est la terre des eaux. Il y a le lac Qaroun. Il fournit du poisson engrandesquantités. Mais il y a surtout les canaux qui s’ouvrent tous sur le Bahr Youssef pour aller irriguer les terres et les jardins. Tous ces canaux sont munis de « zawaf », une roue hydraulique à palmes qui sert à déverser l’eau du canal principal dans les canaux d’irrigation. Il sert aussi d’élévateur d’eau quand les différences de niveau du sol l’exigent. Le « zawaf » se trouve uniquement dans cette oasis de Fayoum.
L’eau de Fayoum c’est encore les sources thermales d’El-Seiline, encore appelée El-Chaar, de El-Biahmou et de El-Mandara. La plus célèbre de ces sources est celle d’El-Seiline.
Cette dernière source se trouve au fond d’un ravin profond. Elle est riche en calcium, en sodium, en magnésium, en potassium, en nitrate, en sulfate, en chlorate et en phosphore. Une plaque près de la source indique tous ces éléments naturels avec leurs quantités respectives.
Les eaux de cette source sont bonnes pour les maux d’estomac, pour neutraliser les acides, protéger les artères et soulager les hypertensions.
La source d’El-Seiline est un lieu charmant avec des restaurants, des chalets et des centres de distraction. Elle attire beaucoup de monde, surtout les jours de fête.
Fayoum, c’est enfin le pays des potiers. Ils utilisent le limon gras des canaux. Leur spécialité est la confection de la « bokla ». Cette poterie ne se trouve nulle part en Egypte. C’est une ruche sphérique ouverte par le haut et munie d’un col permettant d’y attacher des cordes pour en faciliter le transport.
La « bokla » sert au transport de l’eau. Elle est confectionnée en deux étapes : d’abord la base ronde et ensuite la partie supérieure. Les deux morceaux de la « bokla » sont ensuite collés ensemble et mis à sécher en attendant leur cuisson dans le four.
Un guide touristique du XIXème siècle fit une description de cette nature extraordinairement verdoyante de Fayoum.
« A mesure qu’on pénètre dans le Fayoum, la végétation prend une vigueur extraordinaire, les arbres forment sur le chemin des voûtes de verdure, les citronniers et les orangers atteignent la taille de nos chênes (en France). Des forêts de cactus et d’aloès bordent les routes à perte de vue...».
Parlant de la ville même de Fayoum, l’auteur de ce guide poursuit : « Elle est agréablement située sur le Bahr Youssef, dont le large lit et les bords irréguliers rappellent plutôt une fleuve qu’un canal. Les jardins qui l’entourent, les bouquets de palmiers groupés çà et là, l’animation du canal et du marché donnent à Médinet (la ville de Fayoum) une physionomie particulièrement intéressante... ».
Un autre guide historique du début du XXème siècle, citant le géographe grec Strabon, donne aussi une description de la nature verdoyante de Fayoum.
« Ce pays des roses est une des plus belles régions d’Egypte. On vante beaucoup les oranges, mandarines, pêches, olives, figues, figues de barbarie, grenades et raisins qui en proviennent. Riz, canne à sucre, coton, lin et chanvre prospèrent dans ses champs... Les produits de cette province étaient déjà célèbres sous les Romains et les Ptolémées. Le nom d’Arsinoé (ancien nom de Fayoum), écrit Strabon, est le plus remarquable de tous, tant du point de vue du paysage et de l’excellence que de celui de la nature du sol. Car il est planté de gros oliviers excellents, qui portent de beaux fruits, et l’huile est bonne, si on la récolte avec soin... Le vin, le blé, les légumineuses et une très grande quantité de produits végétaux prospèrent aussi dans cette contrée ».
Dans un autre guide touristique, édité en 1911, se trouve encore une description de ce merveilleux Fayoum, où la nature est exubérante.
« Ce pays est d’une fertilité remarquable. Des fleurs de toutes sortes, des arbres fruitiers, tels que les abricotiers, les figuiers, les oliviers, les vignes, tout y pousse, et à plus forte raison les céréales, le blé, l’orge, etc.… et le coton. Tous ces produits du sol sont abondants et d’une qualité supérieure à tout ce qui vient en Egypte. Ses moutons, élevés dans de beaux pâturages, sont très renommés, ainsi qu’une espèce de grande poule apportée, dit-on, par les Grecs et les Ptolémés ».
Grâce au Bahr Youssef le Fayoum est une oasis de verdure et de fraîcheur, la plus belle et la plus pittoresque d’Egypte.
En plus de ces charmes naturels, il existe à Fayoum des antiquités des époques pharaoniques, gréco-romaine, copte et islamique. Quelques noms suffisent à évoquer les richesses archéologiques de Fayoum: la pyramide de Haouârah et le Labyrinthe, Qôm Ouchim (l’antique cité de Karanis), Qôm El-Asi (la Bakkhis des papyrus du géographe Ptolémée), Crocodilopilis (la ville des crocodiles près de Médinet El-Fayoum), la mosquée de Qaïtbaï du XVème siècle dans la ville de Fayoum, les monastères d’El-Azab où est vénéré le tombeau d’Amba Abraham évêque de Fayoum, d’El-Adhra El-Hamam (la Vierge au pigeon) et d’El-Malak Abou Khachaba (l’Ange au bâton de bois), etc...Fayoum est une terre de délices dans tous les domaines.