Assiout, une cité célèbre pour ses bazars

Jeudi 04 Mars 2021-00:00:00
' Père Gérard Viaud

Assiout fut la capitale de la principauté du Térèbinthe, plus tard divisée en deux nomes dont Lycopolis Anterior (XIIIème de la Haute-Egypte), qui avait pour divinité principale le chacal Oupouat, (le guide du chemin), d'où le nom de Lycopolis « la ville du loup » que lui donnèrent les Grecs.

Du point de vue historique, Assiout ne paraît avoir joué qu'un rôle secondaire. Ses princes ne furent jamais assez puissants pour conquérir la royauté.

Pris entre les rois d'Héracléopolis et les seigneurs de Thèbes, ils restèrent fidèlement soumis à la suzeraineté des premiers et les aidèrent à contenir leurs ambitieux voisins du sud, mais quand ceux-ci, devenus les plus forts, s’emparèrent du pouvoir, Assiout accepta, semble-t-il, sans révolte, ce changement de maître. Passée la période du Moyen-Empire, l'histoire d'Assiout rentre dans l'obscurité. Elle fut la ville natale de Plotin, le philosophe néoplatonicien qui a vécu au IIIème siècle de notre ère et bénéficia au siècle suivant de la renommée du moine Jean de Lycopolis, qui vivait retiré dans la montagne. Assiout figure dans les listes des évêchés.

C'est principalement à l'époque musulmane que son importance commença à croître, car Aboul Féda la cite comme capitale du Saïd.

Elle dut sa prospérité au commerce des produits du Darfour dont elle recevait les caravanes. Son marché d'esclaves était l’un des plus grands d'Egypte.

Une porte massive avec une fontaine arabe donne accès à une belle esplanade plantée de sycomores et d'acacias lebeckh, au fond de laquelle se dresse le palais du moudîr d'où partent les principales rues qui pénètrent dans la ville.

Quelques voies nous mènent promptement aux bazars qui sont les plus riches après ceux du Caire.

L'industrie locale repose sur les teintureries d'indigo et de cotonnades et les fourneaux de pipes et de poteries qui sont burinées et découpées à la pointe, puis enduites de rouge et de noir animal délayé dans une eau légèrement gommée. Elles ne supportent donc pas le lavage.

L'ébène et l'ivoire, dont Assiout fut autrefois l'un des principaux entrepôts alimentent également une petite industrie d'objets de pacotille.

Les bazars se groupent principalement autour de la grande mosquée située à peu près au centre de la ville, sur une petite place à l'entrecroisement des rues principales.

Les bains, qui sont également situés dans le quartier des bazars, sont aussi d'anciens édifices.

Assiout possède une Université, un Institut de sciences religieuses, de nombreuses écoles (écoles des Arts et des Métiers, des écoles secondaires du gouvernement), ainsi que des collèges, des hôpitaux, des succursales des principales banques etc.

A proximité de la gare se trouve le musée Saïd Khashaba et le musée de la Mission Américaine qui renferme des objets trouvés dans les nécropoles d'Assiout et de Meir.

Le musée Saïd Khashaba contient des cercueils en bois décorés, des objets d'offrandes et des imitations de constructions civiles.

Le musée de la Mission américaine possède des antiquités de toutes les époques : poteries, ouchebtis, stèles égyptiennes, coptes, arabes, turques, une statue d'Horus, des scarabées, des amulettes, des cercueils en bois ou en terre cuite, des momies d'animaux, des broderies coptes et romaines, etc.

La nécropole, dont les nombreuses excavations peuvent être aperçu du Nil, est située à environ 1,5 kilomètres au sud-ouest du centre de la ville d'Assiout.

Actuellement Assiout possède deux évêchés l'un pour les Coptes orthodoxes et l'autre pour les Coptes catholiques.

La région d'Assiout est riche en antiquités religieuses surtout coptes.

Le monastère d'El-Moharraq, à l'ouest d'El-Qoussieh et au nord d'Assiout, conserve le souvenir du passage de la Sainte Famille.

Ce monastère est encore appelé « Deir Gabal Qosqam ». Il possède une grotte où séjournèrent Jésus et sa mère, ainsi que Joseph et la sage-femme Salomé. Cette dernière était accompagnée de son époux, Moussa, qui mourut pendant cette étape à Gabal Qosqam. Il fut enterré sur les lieux et les moines vénèrent encore son tombeau à l'intérieur du monastère.

Au IVème siècle, Saint Pacôme, le fondateur de la vie monastique en Egypte, construisit un monastère à Gabal Qosqam. D'ailleurs, vers la même époque, le patriarche d'Alexandrie, Théophile, avait construit en ces lieux une église dédiée à la Vierge Marie sur l'emplacement de la grotte qui avait servi de refuge à la Sainte Famille. Ce fut la première église en Egypte placée sous le vocable de la mère de Jésus. Le pèlerinage du mois de Baouna (le 21ou 28 juin) commémore la construction et la consécration de la première église dédiée à la Vierge à Philippes.

Ce fut au cours d'une vision que le patriarche Théophile décida de construire cette église à Gabal Qosqam. Il le fit en souvenir du passage de la Sainte Famille et aussi en mémoire d'un événement qui se déroula en ces lieux. En effet, il fut révélé au Patriarche Théophile que le Christ, après sa résurrection, se transporta miraculeusement au Gabal Qosqam avec ses apôtres et il y célébra la première eucharistie en ce lieu où il avait trouvé refuge lors de son séjour en Egypte. C'était pour lui une manière de manifester sa reconnaissance à l'égard du pays qui l'avait accueilli alors que, persécuté, il avait été obligé de fuir sa patrie avec ses parents.

Deir El-Moharraq est ainsi un des lieux historiques de l'Egypte où se rendent en pèlerinage les Chrétiens et les Musulmans qui tous vouent un culte à Marie, mère de Jésus.

D'anciennes traditions rapportent que la ville de Qosqam, mot qui signifierait « l'ensevelis dans les roseaux », aurait été construite par Qos fils de Qift, fils de Misraïm.

Devant l'église du monastère se trouvait un puits dont l'eau fut bénie par Jésus. Quiconque en buvait avec foi ou s'y baignait guérissait de tous ses maux. Près du puits se trouvait un bassin et le Synaxaire copte (la vie des Saints pour chaque jour de l'année) rapporte à la date du 6 Hatour (15 novembre) que l'eau déversée dans ce bassin se transformait en vin. Cette date du 6 Hatour commémore la consécration de l'église de la Vierge à Deir El-Moharraq.

Deir Dronka se trouve à dix kilomètres au sud-ouest d'Assiout et aurait été la dernière étape du périple des voyageurs en Haute-Egypte. Ce fut peut-être là, ou à Deir El-Moharraq, que l'ange apparut en songe à Joseph pour lui dire : « Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et va au pays d'Israël car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l'enfant ». Il prit avec lui l'enfant et sa mère, et entra au pays d'Israël (Matthieu 2: 19-21).

Chaque année, un pèlerinage se déroule à Deir Dronka pendant le jeûne de la Vierge au mois d'août. Pour les Coptes orthodoxes, les célébrations sont faites dans le petit monastère situé dans la montagne et pour les Coptes catholiques autour de l'église construite dans la plaine.

Sur le flanc de la montagne existe une grotte où la Sainte Famille avait trouvé refuge. Cette grotte se trouve dans l'église moderne du monastère qui fut construite en 1955 avec une hôtellerie pour les pèlerins et la résidence de l'évêque copte orthodoxe d'Assiout.

Cette région de Deir Dronka était très riche en monastères et en églises. L'historien cairote El-Maqrizi (1364-1443) rapporte que la région de Dronka était à son époque la plus chrétienne de la Haute-Egypte et où la population parlait encore la langue copte. De nombreux monastères se trouvaient dans cette contrée comme ceux d'Ard El-Haguir, de Saint Michel, de Karfounah ou d’Aghrafounah. Ce dernier nom venait du mot grec « graphôn » qui signifie scribe, car de nombreux scribes chrétiens se trouvaient près de ce monastère situé dans la montagne et placé sous le vocable de la Vierge Marie. Dans cette région de Dronka, El-Maqrizi signale encore plusieurs autres monastères: le Deir Mari Guirguis (Saint Georges), le Deir Abi Bagham au-dessus du monastère de Dronka, le Deir Sawiros (Saint Sévère) à Rifah, le Deir Thaodoros (Saint Théodore), le Deir Mansi-Ak ou d'Isaac et le Deir El-Roussoul (des Apôtres) encore appelé monastère des tamaris.

Le moine dominicain Vansleb, au XVIIème siècle, donna lui-aussi une liste des églises et des monastères de la région de Deir Dronka qui avaient été dédiés aux Saints Athanase, Jean-Baptiste, Claude, Philothée et Mercurios