Le rôle des diplomates Egyptiennes à l’étranger

Aya Magdi Lundi 15 Mars 2021-16:06:11 Cent Ans
Le rôle des diplomates Egyptiennes à l’étranger
Le rôle des diplomates Egyptiennes à l’étranger

Le rôle de la femme du diplomate égyptien à l’étranger ne le cède en rien à celui de son époux. Elle touche des appointements du ministère des Affaires étrangères, sous la forme du bonus de trente pour cent accordé au diplomate marié sur son traitement. Elle est ensuite soumise aux mêmes règles qui régissent son mari ; ainsi voit-on souvent, dans le dossier d’un diplomate, des rapports détaillés sur les activités et le comportement de son épouse.

La femme du diplomate ne représente pas seulement la femme égyptienne, mais elle est de plus, toujours et en tout lieu, l’emblème de la renaissance de l’Egypte. Car, pour juger de la civilisation d’un pays, on considère le niveau de la femme dans cette nation comme un facteur des plus révélateurs.

L’une d’elles

Plusieurs femmes de cette catégorie se trouvent à l’étranger ; ce ne sont pas toutes des épouses d’ambassadeurs ou de ministres plénipotentiaires, bien au contraire : la plupart sont les femmes des fonctionnaires de moindre importance.

L’une d’elles, pour prendre un exemple, est Mme Houria Chafik, épouse du premier secrétaire à l’ambassade d’Egypte à Rome. Son histoire vous révélera celle de toutes les diplomates égyptiennes à l’étranger.

Mme Houria Chafik et M. Hassan Chafik habitent un vaste appartement dans le plus beau quartier de la Ville Eternelle. L’ameublement est du style oriental le plus pur et le plus beau ; et l’on peut admirer partout une coûteuse collection de bibelots et d’œuvres d’art.

Elle vous reçoit non pas comme un visiteur de passage, mais comme on accueille un ami. Elle vous parle de tout et vous entoure d’une atmosphère étrange. Vous ne pouvez vous empêcher de vous dire de suite : « C’est une personnalité étonnante ».

L’histoire d’une diplomate

Lorsqu’elle perdit son père, Mme Houria Chafik était toute jeune encore. Hoda Hanem Chaaraoui assuma son éducation ainsi que celle de sa sœur, Mlle Hawa Idriss. De Hoda Chaaraoui, Mme Chafik a pris son profond attachement à la Patrie.

Elle parle de l’Egypte à toute personne et en tout lieu. De sa voix calme et nuancée, elle répond aux nombreuses questions que lui posent les étrangers sur notre pays, en leur donnant des renseignements précis et documentés.

Un jour, une dame turque lui demanda à Istanbul la raison de la haine que nourrissent les Egyptiens à l’égard des Turcs. La réponse de Mme Houria Chafik fut : «Il n’y a aucune raison pour que les Turcs haïssent les Egyptiens ; Je ne vois donc pas pourquoi les Egyptiens les détesteraient ».

Devoirs de bienséance

Mme Chafik est convaincue qu’un des devoirs les plus importants de la femme du diplomate consiste à lier connaissance avec le plus grand nombre de membres de la société du pays où elle se trouve. Elle ne doit pas rester chez elle, mais au contraire fréquenter les salons, car c’est précisément le but de sa présence aux côtés de son mari. Elle sait, par expérience, le sentiment de solitude qu’on éprouve quand le diplomate est transféré dans une autre légation. Elle sait aussi comment dissiper cette sensation et apprendre à aimer le nouveau pays où elle se trouve et s’attacher à son peuple. Dès que le couple arrive pour la première fois dans un pays, Mme Chafik va déposer sa carte chez les épouses des membres du corps diplomatique et des hautes personnalités en vue. C’est le premier pas qui facilite sa mission.

La mode et la bombe atomique

Mme Houria Chafik estime d’autre part, que l’aspect extérieur, la conversation et l’hospitalité sont les atours indispensables de la femme diplomate. Elle ajoute :

La fréquentation de la société n’est pas chose facile. La femme doit être prête à répondre à toute question qui lui serait posée sur son pays. Elle doit être également au courant de toute chose nouvelle, car les milieux diplomatiques s’entretiennent par exemple de la mode pour aborder ensuite le sujet de la bombe atomique.

Souvenirs

En parlant de l’Egypte, Mme Houria Chafik s’échauffe. Je retiens, de ses souvenirs glanés pendant sa vie diplomatique, l’histoire suivante qu’elle raconte sans que le sourire ne quitte ses lèvres :

C’était en 1935. J’étais partie avec Hoda Hanem Chaaraoui pour Istanbul afin d’assister au congrès féministe qui s’y tenait. La légation d’Egypte offrit en notre honneur plusieurs réceptions et, au cours d’une d’elles, je rencontrai Hassan. La délégation féministe revint ensuite en Egypte, mais Hoda Hanem demeura à Istanbul. Hassan lui demanda ma main ; et Hoda Hanem lui répondit que c’était à moi de me prononcer.

La diplomatie après le mariage

Hassan partit pour l’Egypte et, quelques mois plus tard, il retourna au consulat… en compagnie de sa femme.

Nous eûmes un fils - Hassanein - et une fille à qui nous avons donné le nom de Hoda. Hassanein vit le jour à Beyrouth et sa sœur naquit à Istanbul.

Les enfants d’Egypte

Le moment le plus difficile que traverse la femme diplomate, selon Mme Chafik, est celui où son fils, en grandissant et en entendant beaucoup parler de son pays, éprouve soudain le désir de voir l’Egypte.

Dans quatre-vingt-dix pour cent des cas, les garçons doivent venir en Egypte pour y faire leurs études comme leurs compatriotes. Quant à leurs parents, ils continuent d’aller de pays en pays, représentant l’Egypte ; le mari remplissant sa mission officielle, et sa femme, représentante diplomatique elle aussi, accomplissant sa tâche de propagande qui lui est assignée.

 

( Tiré de « Akher Saa»)

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