Bien qu'elle ait un beau visage cinématographique qui pouvait l'aider à devenir téléspeakerine ou actrice, Chérine Zaki a choisi une carrière plus difficile et plus sérieuse, celle de professeure à l'université. Après sa licence ès-Lettres obtenue à la faculté de Langues en1993, elle réussit à décrocher le Magistère ès-Lettres en 2002, de l'Université d’Ain Chams, à travers une thèse intitulée « Louis Aragon et les secrets d’une ville réelle et imaginaire », puis le Doctorat en 2009 de l’Université de Paris IV-Sorbonne dont le titre était « Les stratégies du discours publicitaire ». En 2016, elle devient professeur adjoint à la Faculté des Lettres (Jeunes-Filles), département de Langue et de Littérature françaises, Université d’Ain Chams. Elle a écrit d’innombrables articles dont on peux mentionner « Les mécanismes à l’œuvre dans la production des histoires drôles », « La parole non persuasive : Analyse rhétorique des trois discours de Moubarak prononcés lors de la Révolution du 25 janvier 2011 », « La Révolution égyptienne du 25 janvier : quand la langue s’amuse avec les maux », « Le shockvertising : de la surprise à la provocation » et « L’initiative suisse contre les minarets : l’exemple d’une argumentation fallacieuse ».
Mais ce qui nous intéresse ici, c'est la création de Chérine Zaki. Tous ceux qui suivent ses écrits à travers Facebook, sont attirés par la profondeur des ses idées et le charme de son style et beaucoup d'entre eux lui demandent de réunir ses écrits et de les publier. C'est ce qui l'a poussée à publier en 2019, ses « Pensées chériniennes », Éditions El Anglo. Persuadé de son talent, le professeur Hassan El Bendary, critique et romancier, a fait l'introduction de son livre, composée de 144 pages. L'écrivaine y présente ses idées, influencée par sa carrière et son expérience. Le lecteur de ces pensées peut remarquer qu’elles émanent d'un esprit organisé et d'un goût sain et éduqué qui rassemble les cultures locale et internationale. Il peut également remarquer à quel point ces idées sont des messages sérieux, adressées à la conscience et à la raison du destinataire, et l’invitent à observer les événements qui se déroulent autour de lui, à penser à lui-même et aux autres, et le motive à contempler les phénomènes modernes et les questions sociales et politiques. On y retrouve la femme dominante, abandonnée qui cherche la dignité et la fierté face au mari, ainsi que la femme qui rêve d'être libre. Chérine y présente de même divers aspects de l'amour : sincère, partagé, équilibré et indifférent. Elle ne s'attarde pas à afficher des conseils persuasifs pour la femme et l’homme en général, et pour les fiancés et les époux en particulier. N'oublions pas son analyse des chansons modernes et anciennes qui occupe une place remarquable dans ce livre.
L'auteure met l'accent sur l'amitié à travers Facebook qui est devenu « un bon moyen de maintenir une relation amicale avec des camarades de classe ou des amis d'enfance, ou de communiquer avec des amis difficiles à rencontrer à cause des soucis de la vie ». Elle affirme que Facebook nous présente de même « des gens que nous n'avons jamais rencontrés en réalité, et que les villes et les océans nous séparent d'eux. (…) Ce n'est peut-être pas de l'amitié au sens classique du terme, mais ce sont de belles relations basées sur le respect mutuel et des sentiments sincères. Les distances peuvent nous éloigner, mais nous sommes unis par un échange de visions, d'idées, d'intérêts communs et d'agréables compliments ». En tant que musulmane et spécialiste de la langue française, elle écrit: « En français, on dit : J'ai le cœur gros pour exprimer la tristesse et montrer un cœur surchargé d'inquiétudes. (…) Mais je préfère toujours l'expression coranique de la tristesse, « Le cœur de la mère de Moïse est devenu vide ». Le cœur vide est plus triste et plus douloureux car il est incapable de ressentir les joies de la vie.
En fait, Pensées chériniennes est un ouvrage magnifique qui mérite d'être lu parce qu'il se distingue par la richesse de ses idées et la souplesse de son style. Je remercie Chérine Zaki qui a achevé ce premier livre et je lui dis: Nous attendons curieusement d'autres ouvrages, particulièrement dans le domaine romanesque afin de voir une autre voix féministe au côté de May Telmissany et Miral El Tahawy.